LES COMMANDEMENTS DE L'ÉGLISE

 

 

Préambule

 

Pour commencer, je vais vous faire un aveu, à la dernière réunion lorsque je me suis proposé pour faire ce bref exposé, je me disais en moi-même "pas de problème, je prends le CEC et je recopie" ça ne sera pas trop difficile. C'est donc ce que j'ai fait la semaine dernière. Seulement, comme je trouvais quand même ce que disais le CEC un peu sommaire, j'ai voulu en savoir plus. ….et c'est là que les ennuis ont commencé.

Pour commencer, j'ai fait ce que toute personne avisée aurait fait à ma place je suis allé voir sur Google. Je suis tombé sur le site de Serviam, avec un exposé très complet, malheureusement, les commandements de l'Eglise n'étaient plus exactement les mêmes, en tous cas ils n'étaient plus présentés de la même façon.

J'ai donc regardé ce qu'en disait le catéchisme de Saint Pie X, nouvelle version, puis la référence des références pour les cathos tradis : le petit livre bleu, édition 1956, encore une nouvelle version.

Pour l'anecdote, je n'ai heureusement rien trouvé dans le catéchisme du Concile de Trente, j'ai peut-être mal regardé.

 

Ceci mérite donc une explication préalable. Les commandements de l'Eglise ne sont pas de même nature que les commandements de Dieu.

Les commandements de Dieu sont immuables, leur nombre est défini (encore qu'il faille faire quelques acrobaties pour trouver le dixième, voir le tableau de correspondance donné par le CEC), ils ont été gravés non seulement dans la pierre, mais aussi dans le cœur de tout homme, juif, chrétien ou incroyant, les "commandements" de l'Eglise, eux, s'adressent aux fidèles pour les aider à vivre leur foi. Ils doivent donc prendre en compte les circonstances, l'environnement. Ceci ne veut absolument pas dire que leur observance soit facultative. Ne pas assister à la messe du dimanche, par exemple, est qualifié par Serviam de péché mortel, si c'est fait de façon délibérée.

Les commandements de l'Eglise varient donc selon les temps, et pour certains, au moins dans leur application, selon les lieux.

Pour marquer cette différence on pourra parler de précepte plutôt que de commandement, mais encore une fois, cela ne change rien quant à leur caractère obligatoire.

Une autre caractéristique des préceptes de l'Eglise est que ce sont des lois positives, le Décalogue, comporte principalement des interdictions, surtout dans le deuxième tableau, (sauf le 4ème) les préceptes de l'Eglise sont des obligations.

Enfin il faut noter que certains de ces commandement demandent à être complétés par le droit canon.

Pour éviter toute confusion, je prendrai donc les préceptes tels qu'ils sont énoncés par le CEC.

 

Ils sont au nombre de 5, enfin de 5 ½, vous verrez pourquoi.

Je vous les énumère, puis nous les reprendrons un par un.

 

1er commandement : Les dimanche, messe entendras et les fêtes pareillement.

2ème commandement : tous tes péchés confesseras, à tout le moins une fois l'an.

3ème commandement : Ton Créateur tu recevras, au moins à Pâques humblement.

4ème commandement : Les Fêtes tu sanctifieras qui te sont de commandement.

5ème commandement : Le jeûne prescrit garderas et l'abstinence pareillement.

Et le CEC ajoute, sans que ce soit un commandement numéroté : les fidèles ont encore l'obligation de subvenir, chacun selon ses capacités, aux nécessités matérielles de l'Eglise.

 

Alors, revoyons tout cela dans le détail.


 

1er commandement : Les dimanche, messe entendras et les fêtes pareillement.

Can. 1246 - § 1. Le dimanche où, de par la tradition apostolique, est célébré le mystère pascal doit être observé dans l'Église tout entière comme le principal jour de fête de précepte.  Et de même doivent être observés les jours de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ, de l'Épiphanie, de l'Ascension et du très Saint Corps et Sang du Christ, le jour de Sainte Marie Mère de Dieu, de son Immaculée Conception et de son Assomption, de saint Joseph, des saints Apôtres Pierre et Paul et enfin de tous les Saints.             

§ 2. Cependant, la conférence des Évêques peut, avec l'approbation préalable du Saint-Siège, supprimer certaines fêtes de précepte ou les reporter au dimanche

Can. 1247 - Le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l'obligation de participer à la Messe; de plus, ils s'abstiendront de ces travaux et de ces affaires qui empêchent le culte dû à Dieu, la joie propre au jour du Seigneur ou la détente convenable de l'esprit et du corps.

Can. 1248 - § 1. Satisfait  au précepte de participer à la Messe, qui  assiste à la Messe célébrée selon le rite catholique le jour de fête lui-même ou le soir du jour précédent.           

§ 2. Si, faute de ministre sacré ou pour toute autre cause grave, la participation à la célébration eucharistique est impossible, il est vivement recommandé que les fidèles participent à la liturgie de la Parole s'il y en a une dans l'église paroissiale ou dans un autre lieu sacré, célébrée selon les dispositions prises par l'Évêque diocésain, ou bien s'adonnent à la prière pendant un temps convenable, seul ou en famille, ou, selon l'occasion, en groupes de familles.

Le fait de ne pas assister à la messe un dimanche ou un jour de fête d'obligation est un péché grave, c'est-à-dire un péché mortel si c'est en toute conscience. Anecdote : un courtisan voit une maitresse de Louis XIV à la messe et s'exclame "vous ici Madame"; elle lui répond "ce n'est pas parce que je fais un péché que je dois les faire tous".

2ème commandement : tous tes péchés confesseras, à tout le moins une fois l'an.

Can. 989 - Tout fidèle parvenu à l'âge de discrétion est tenu par l'obligation de confesser fidèlement ses péchés graves au moins une fois par an.

Can. 991 - Tout fidèle a la liberté de confesser ses péchés au confesseur régulièrement approuvé qu'il préfère, même s'il est d'un autre rite.

La période de cette confession n'est pas fixée mais il est souhaitable qu'elle ait lieu avant de communier. Il est surtout souhaitable de se confesser régulièrement, question qui ne se pose pas pour ceux qui connaissent et appliquent la règle DOMVS.

 

3ème commandement : Ton Créateur tu recevras, au moins à Pâques humblement.

Can. 920 - § 1. Tout fidèle, après avoir été initié à la très sainte Eucharistie, est tenu par l'obligation de recevoir la sainte communion au moins une fois l'an.

§ 2. Ce précepte doit être rempli durant le temps pascal, à moins que pour une juste cause, il ne le soit à une autre époque de l'année.

Can. 923 - Les fidèles peuvent participer au Sacrifice eucharistique et recevoir la sainte communion dans n'importe quel rite catholique,  compte tenu des disposition du can. 844.   

 

D'après l'abbé Arène, le temps pascal va du quatrième dimanche de carême à la fête de la Trinité.

Il est évident que la communion pascale est un minimum, et que la communion fréquente est souhaitable pour peu qu'on soit dans les dispositions requises. La communion fréquente n'est pas une invention du XXème siècle : relisez ce qu'en disent le CCT ou Saint François de Sales dans l'introduction à la vie dévote.

 

4ème commandement : Les Fêtes tu sanctifieras qui te sont de commandement.

Ce commandement n'est pas redondant avec le premier qui nous prescrivait d'aller à la messe les jours de fête d'obligation. Il s'agit de sanctifier ces jours, c'est-à-dire principalement de ne pas travailler … et de ne pas encourager notre prochain à travailler en allant par exemple faire des courses que nous aurions très bien pu faire la veille.

Can 1246….. Et de même doivent être observés les jours de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ, de l'Épiphanie, de l'Ascension et du très Saint Corps et Sang du Christ, le jour de Sainte Marie Mère de Dieu, de son Immaculée Conception et de son Assomption, de saint Joseph, des saints Apôtres Pierre et Paul et enfin de tous les Saints.      

Les conférences épiscopales peuvent réduire le nombre de fêtes ou les reporter au dimanche suivant. En France les fêtes sont au nombre de 4 depuis le concordat de 1801 : Noël, l'Ascension, l'Assomption, la Toussaint.

5ème commandement : Le jeûne prescrit garderas et l'abstinence pareillement.

"Autrefois" ces deux commandements étaient distincts. Ils ont été regroupés en un seul ce qui n'est pas forcément une bonne chose, certains fidèles ayant tendance à confondre le jeûne et l'abstinence.

Le jeûne : il n'y a plus que deux jours de jeûne obligatoire dans l'année liturgique le mercredi des cendres et le Vendredi Saint.  Le jeûne consiste à ne faire qu'un repas dans la journée. Si c'est nécessaire pour remplir correctement son devoir d'état il est admis de prendre en plus une légère collation. Le jeûne concerne tous les fidèles de 18 à 60 ans.

Pour information au début du XXème siècle les jours de jeûne étaient : tous les jours de carême, les vigiles de fête et les Quatre-temps(1)

L'abstinence :

Can. 1251 - L'abstinence  de  viande ou d'une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Évêques, sera observée chaque vendredi de l'année, à moins qu'il ne tombe l'un des jours marqués comme solennité; mais l'abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus Christ.

·          Les vendredis de carême ainsi que le mercredi des cendres, les fidèles s'abstiendront de manger de la viande. Sous le nom de " viande ", on entend la viande et le sang des animaux qui vivent sur terre ou dans les airs et qui ont le sang chaud. Sont permis à la consommation de ces jours-là, les animaux à sang froid, comme les poissons.(abbé Arène)

·         Les vendredis de l'année, les fidèles s'abstiendrons de manger de la viande ou toute autre nourriture. Il n'y a pas abstinence lorsqu'une solennité tombe un vendredi.

Ces dispositions concernent les fidèles depuis 14 ans  jusqu'à 60 ans.

Pour mémoire.

·         Le petit livre bleu cite un autre précepte, qui a disparu avec la suppression de l'index, et qui interdisait les lectures inscrites à l'index; Il y aurait de quoi faire aujourd'hui avec en plus, le cinéma, la télévision et internet.

·         Saint Pie X  dans son catéchisme rappelle (5ème précepte) l'interdiction des mariages solennels pendant l'Avent et le Carême.

Conclusion 1

Ces préceptes ont été notablement assouplis depuis un siècle, c'est une raison supplémentaire pour les observer avec rigueur, en comprenant qu'ils ne sont qu'un moyen (et non une fin évidemment) pour nous faire progresser vers la sainteté.

 Conclusion 2

"L'Eglise ne doit pas se comporter comme une courtisane qui baisse ses prix à mesure qu'elle prend de l'âge pour conserver sa clientèle". Mgr Lagrange.

Sources :

·         Catéchisme de l'Eglise Catholique.

·         Code de Droit canonique.

·         SERVIAM (abbé Arène)

·         Livre de prière et d'exercices CPCR (édition 1956).

·         Catéchisme de Saint PIE X

     

(1) Quatre temps :Autrefois, périodes de trois jours de pénitence et de jeûne (mercredi, vendredi et samedi) situées respectivement après : le 3ème dimanche de l'Avent, le 1er dimanche de carême, le dimanche de la Pentecôte, et le 17ème dimanche après la Pentecôte. Leur origine, très lointaine (les Quatre-Temps furent célébrés par le pape Sirice au IVème siècle), est mystérieuse. C'est probablement une reprise de célébrations païennes marquant les semailles, les moissons et les vendanges.