Verbum Domini

 

 

 

 

On classe comme suit les textes pontificaux (d’après l’Homme Nouveau):

L'encyclique: elle relève de la mission d'enseignement du pape qui explique la position de l'Église sur un point précis, doctrinaire ou moral, et peut prendre acte de la situation du monde pour condamner une hérésie. C'est un texte solennel et universel.

Constitution apostolique: document solennel du pape, légiférant sur des questions de dogme, de discipline générale ou de structure de l'Église. Si elle porte sur un point de dogme, elle est signée par le pape et les cardinaux présents lors de la promulgation.

L'exhortation apostolique: elle est universelle et entend inciter les fidèles à agir de telle ou telle manière. Elle peut être postsynodale, reprenant les conclusions établies lors d'un synode.

La bulle papale: texte par lequel le pape pose un acte juridique important qui relève du gouvernement pastoral de l'Église et concerne l'ensemble des fidèles, (indiction d'un jubilé, convocation d'un concile ...).

La lettre apostolique: adressée à une personne ou un groupe particulier dans l'Église, elle a valeur d'enseignement car elle est se veut une lettre ouverte. Dans ce type de document, le pape peut accorder une dispense ou une faveur (acte aussi appelé rescrit ou indult).

Le motu proprio: acte législatif du pape agissant de son propre chef pour préciser les règles d'administration et d'organisation dans l'Église. Il peut s'adresser à toute l'Église, une Église locale ou à un groupe de fidèles et comprend l'exposé des raisons pour lesquelles le pape agit ainsi et l'énumération des mesures prises.

 

Et ne pas oublier les simples livres qui s’ils ne sont pas des textes du magistère n’en sont pas moins importants pour comprendre la pensée du pape ; Si vous voulez lire un livre sur Jésus-Christ il vaut mieux lire benoit XVI que Max Gallo.

VERBUM DOMINI

 

Dès lors qu'il nous a donné son Fils, qui est sa Parole - unique et définitive -, il nous a tout dit à la fois et d'un seul coup en cette seule Parole et il n'a rien de plus à dire. [... ] Car ce qu'il disait par parties aux prophètes, il a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu'est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant interroger le Seigneur et lui demander des visions ou révélations, non seulement ferait une folie , mais il ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ et en cherchant autre chose ou quelque nouveauté ».Saint Jean de la Croix.

 

L’Ecriture et l’Esprit Saint.

Les grands écrivains de la Tradition chrétienne prennent unanimement en considération le rôle de l'Esprit

Saint dans le rapport que les croyants doivent avoir avec les Écritures. Saint Jean Chrysostome affirme que l'Ecriture « a besoin de la Révélation de l'Esprit, afin qu'en découvrant le véritable sens des choses qui s'y trouvent, nous en tirions abondamment profit ». Saint Jérôme est lui aussi fermement convaincu ·que « nous ne pouvons arriver à comprendre l'Écriture sans l'aide de l'Esprit Saint qui l'a inspirée».

 

Les quatre sens de l’Ecriture

Pour trouver ce sens plénier il faut lire l'Écriture dans son intégralité. Nous commençons par le sens littéral, «celui qui est "signifié par les paroles de l'Écriture et découvert par l'exégèse qui suit les règles de la juste interprétation"» (n. 37, CEC 116). Ce sens littéral ne s'oppose en rien au sens spirituel, il ne le cache pas, mais le porte. L'exhortation reprend ici un adage des médiévaux: « Le sens littéral enseigne les évènements, l'allégorie ce qu'il faut croire, le sens moral ce qu'il faut faire, l'anagogie ce vers quoi il faut tendre. » Du coup, le récit des évènements est riche du sens spirituel, « lequel se subdivise en trois sens, avec lesquels sont décrits les contenus de la foi, de la morale et de la tension eschatologiqu(n. 37). Ce qui s'est passé autrefois nous dit le sens de notre vie aujourd'hui. Le même mystère pascal agit dans les faits de jadis et dans mon existence actuelle, le même Esprit nous communique la vie du Christ.

 

Ecriture et Tradition.

La Tradition vivante est essentielle afin que l'Église puisse grandir au fil du temps dans la compréhension de la vérité révélée dans les Écritures; en effet, « par cette même Tradition, le Canon intégral des Livres Saints se fait connaître à l'Église, et en elle aussi les Saintes Écritures elles-mêmes sont comprises plus à fond et sans cesse rendues agissantes ».2 En fin de compte, c'est la Tradition vivante de l'Eglise qui nous fait comprendre de manière adéquate la Sainte Écriture comme Parole de Dieu. Même si le Verbe de Dieu précède et transcende la Sainte Ecriture, toutefois, dans la mesure où elle est inspirée par Dieu, elle contient la Parole divine (cf. 2 Tm 3, 16) « d'une manière tout à fait particulière ».3

 

18. D'où l'importance d'éduquer et de former de façon claire le Peuple de Dieu à s'approcher des Saintes Ecritures en lien avec la Tradition vivante de l'Église, en reconnaissant  en elles la Parole même de Dieu.

 

 

Le péché non-écoute de la Parole.

La Parole divine, en effet, dévoile aussi le péché qui habite le cœur de l'homme. Nous trouvons très souvent, aussi bien dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament, la description du péché comme non-écoute de la Parole, comme rupture de l'Alliance et donc comme fermeture à l'égard de Dieu qui appelle à la communion avec lui.' En effet, l'Écriture Sainte nous montre comment le péché de l'homme est essentiellement désobéissance et 'non-écoute'. C'est vraiment l'obéissance radicale de Jésus jusqu'à la mort de la croix (cf. Ph 2, 8) qui démasquera totalement ce péché. Dans son obéissance s'accomplit la Nouvelle Alliance entre Dieu et l'homme et nous est donnée la possibilité de la réconciliation.

 

l'ÉGLISE, LIEU ORIGINAIRE DE L'HERMÉNEUTIQUE DE LA BIBLE

29. Un autre grand sujet s'est imposé lors du Synode, sur lequel j'entends maintenant attirer l'attention, c'est l'interprétation de l'Écriture Sainte dans l'Église. Le lien intrinsèque entre la Parole et la foi met bien en évidence que l'authentique herméneutique de la Bible ne peut se situer que dans la foi ecclésiale qui a, dans le' oui' de Marie, son paradigme. Saint Bonaventure affirme à ce sujet que, sans la foi, on n'a pas la clé d'accès au texte sacré: « C'est de cette connaissance de Jésus-Christ que découle, telle une source, la certitude et l'intelligence contenue dans toute l'Écriture Sainte. En conséquence, il est impossible d'entrer dans la connaissance de l'Écriture Sainte sans cette foi venant du Christ. Cette foi est lumière, porte et aussi fondement de toute l'Écriture ».1 Et saint Thomas d'Aquin, en mentionnant saint Augustin, insiste avec force: « Même la lettre de l'Évangile tue s'il manque, à l'intérieur de l'homme, la grâce de la foi qui guérit ».

 

LE RAPPORT ENTRE L'ANCIEN ET LE NOUVEAU TESTAMENT

( 40. Dans la perspective de l'unité des Écritures dans le Christ, il est nécessaire pour les théologiens comme pour les Pasteurs d'être conscients des relations qui existent entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Avant tout, il est évident que le Nouveau Testament lui-même reconnaît l'Ancien Testament comme Parole de Dieu et c'est pourquoi il accueille l'autorité des Saintes Écritures du peuple juif.  Il le reconnaît implicitement en recourant au même langage, et en faisant fréquemment allusion à des passages de ces Ecritures. Il le reconnaît explicitement parce qu'il en cite de nombreux extraits et qu'il s'en sert pour argumenter. Une argumentation fondée sur des textes de l'Ancien Testament possède ainsi dans le Nouveau Testament une valeur décisive, supérieure à celle des raisonnements purement humains. Dans le quatrième Évangile, Jésus déclare à ce propos que « ['Écriture ne peut être abolie» (ln 10,35) et saint Paul précise en particulier que la Révélation de l'Ancien Testament continue à valoir pour nous Chrétiens (cf. Rm 15,4; 1 Co 10,11).1 En outre, nous affirmons que « Jésus de Nazareth était un Juif et que la Terre Sainte est la terre-mère de l'Église ».2 La racine du Christianisme se trouve dans l'Ancien Testament et le Christianisme se nourrit toujours de cette racine. (…) Par ailleurs, le Nouveau Testament lui-même s'affirme conforme à l'Ancien et proclame que dans le Mystère de la vie, de la mort et de la Résurrection du Christ les Saintes Écritures du Peuple juif ont trouvé leur parlfait accomplissement. Il faut observer cependant que le concept d'accomplissement des Écritures est complexe, parce qu'il possède une triple dimension: un aspect fondamental de continuité avec la Révélation de l'Ancien Testament, un aspect de rupture et un aspect d'accomplissement et de dépassement. Le Mystère du Christ est en continuité d'intention avec le culte sacrificiel de l'Ancien Testament; il s'est cependant réalisé d'une manière très différente, qui correspond à plusieurs oracles des prophètes, et il a atteint ainsi une perfection jamais obtenue auparavant. L'Ancien Testament, en effet, est plein de tensions entre ses aspects institutionnels et ses aspects prophétiques. Le Mystère pascal du Christ est pleinement conforme - d'une façon qui toutefois était imprévisible aux prophéties et à l'aspect pré figuratif des Ecritures; néanmoins, il présente des aspects évidents de discontinuité par rapport aux institutions de l'Ancien Testament.

 

LES PAGES cc OBSCURES » DE LA BIBLE

42. Dans le contexte de la relation entre l'Ancien et le Nouveau Testament, le Synode a aussi abordé le thème des pages de la Bible qui se révèlent obscures et difficiles en raison de la violence et de l'immoralité qu'elles contiennent parfois. À ce sujet, il faut avant tout tenir compte du fait que la Révélation biblique est profondément enracinée dans l'histoire. Le dessein de Dieu s'y manifeste progressivement et se réalise lentement à travers des étapes successives, malgré la résistance des hommes. Dieu choisit un peuple et l'éduque avec patience. La Révélation s'adapte au niveau culturel et moral d'époques lointaines et rapporte par conséquent des faits et des usages, par exemple des manœuvres frauduleuses, des interventions violentes, l'extermination de populations, sans en dénoncer explicitement l'immoralité. Cela s'explique par le contexte historique, mais peut surprendre le lecteur moderne, surtout lorsqu'on oublie les nombreux comportements « obscurs » que les hommes ont toujours eus au long des siècles, et cela jusqu'à nos jours. Dans l'Ancien Testament, la prédication des prophètes s'élève vigoureusement contre tout type d'injustice et de violence, collective ou individuelle, et elle est de cette façon l'instrument d'éducation donné par Dieu à son Peuple pour le préparer à l'Évangile. Il serait donc erroné de ne pas considérer ces passages de l'Écriture qui nous apparaissent problématiques. Il faut plutôt être conscient que la lecture de ces pages requiert l'acquisition d'une compétence spécifique, à travers une formation qui lit les textes dans leur contexte historico-littéraire et dans la perspective chrétienne qui a pour ultime clé herméneutique « l'Évangile et le Commandement nouveau desus-Christ accompli dans le Mystère pascal ».' J'exhorte donc les chercheurs et les Pasteurs à aider tous les fidèles à s'approcher aussi de ces pages à travers une lecture qui fasse découvrir leur signification à la lumière du Mystère du Christ.

 

LA LECTIO DIVINA

Je voudrais rappeler brièvement ici ses étapes fondamentales: elle s'ouvre par la lecture (lectio) du texte qui provoque une question portant sur la connaissance authentique de son contenu: que dit en soi le texte biblique? Sans cette étape, le texte risquerait de devenir seulement un prétexte pour ne jamais sortir de nos pensées. S'en suit la méditation (meditatio) qui pose la question suivante: que nous dit le texte biblique? Ici, chacun personnellement, mais aussi en tant que réalité communautaire, doit se laisser toucher et remettre en question, car il ne s'agit pas de considérer des paroles prononcées dans le passé mais dans le présent. L'on arrive ainsi à la prière (oratio) qui suppose cette autre question : que disons-nous au Seigneur en réponse à sa Parole? La prière comme requête, intercession, action de grâce et louange, est la première manière par laquelle la Parole nous transforme. Enfin, la Lectio divina se termine par la contemplation (contemplatio), au cours de laquelle nous adoptons, comme don de Dieu, le même regard que lui pour juger la réalité, et nous nous demandons: quelle conversion de l'esprit, du cœur et de la vie le Seigneur nous demande-t-il? Saint Paul, dans la Lettre aux Romains affirme : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (12,2). La contemplation, en effet, tend à créer en nous une vision sapientjelle de la réalité, conforme à Dieu, et à former en nous « la pensée du Christ » (1 Co 2, 16). La Parole de Dieu se présente ici comme un critère de discernement: « elle est vivante, [... ] énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants; elle pénètre au plus profond de l'âme, jusqu'aux jointures et jusqu'aux moelles; elle juge des intentions et des pensées du cœur» (He 4, 12). Il est bon, ensuite, de rappeler que la Lectio divin a ne s'achève pas dans sa dynamique tant qu'elle ne débouche pas dans l'action (actio), qui porte l'existence croyante à se faire don pour les autres dans la charité.

 

Anagogie : interprétation des Ecritures par lesquelles on s’élève du sens littéral au sens spirituel.