ROME

Sweet Home

de la foi de Luther à la foi de Pierre

 

 

I.      Le thème.

Un couple de presbytériens, Scott et Kimberly Hahn se convertit à la foi catholique après des études au séminaire.

 

II.      La forme

Tour à tour, Scott et Kimberly prennent la parole pour nous raconter les mêmes évènements vus par chacun.

 

III.      L’histoire

Scott : il est né dans une famille peu religieuse, pratiquant surtout par convention sociale. Un premier événement oriente son adolescence : il quitte le temple en plein sermon en entendant le pasteur douter publiquement de la naissance virginale du Christ et de sa résurrection corporelle. Ceci le révolte :"Je me souviens avoir pensé que je n'étais pas certain de ce que je croyais, mais que moi à sa place, je serais assez honnête pour ne pas attaquer un credo que j'étais censé confesser". Il évolue ensuite à la limite de la délinquance avant de rencontrer un militant du mouvement protestant "vie de jeunes" qui le guide vers une première conversion. Il se donne alors pour mission de convertir les catholiques, et ceci d'autant plus que ceux qu'il connaît ne lui semblent pas mener une vie exemplaire.

A l'université, il rencontre sa future femme.

 

Kimberly : Elle naît, en 1957, dans une famille presbytérienne profondément religieuse :"mes parents m'ont plongé dans un bain de prière depuis l'instant où ils surent que j'étais en route jusqu'à aujourd'hui".

Elle rencontre à l'université son futur mari, une rencontre savoureuse : " je le remarquai au bal et me dis: il est vraiment trop beau garçon pour que je m'en approche et que je lui parle. Puis, je me dis : Non il n'est pas trop beau, je vais lui parler. C'est ce que je fis. Presque aussitôt il me demanda :

-"Crois-tu que Dieu existe ?"

Seigneur me dis-je, voilà un gars qui a perdu la foi pendant l'été. Donne-moi les mots qu'il faut. Aussi j'expliquai vaille que vaille pendant dix minutes que Dieu existe réellement. Enfin j'ajoutai :

-"Et toi, penses-tu que Dieu existe ?"

-"Oh, oui dit-il"

-"Alors pourquoi est-ce que tu me fais marcher depuis dix minutes?"

-"Je voulais voir ce que tu as dans le ventre, veux-tu qu'on aille se promener ?"

 

Le couple : Après leur rencontre, ils mènent de front leurs études universitaires et leur vie de militants presbytériens, en particulier dans les mouvements Pro-vie. A la fin de ces études ils se marient, il veut être pasteur, elle veut être la femme d'un pasteur. ( Son père est pasteur presbytérien, son oncle est pasteur presbytérien, son frère se prépare aux mêmes fonctions).

Scott rentre au séminaire et elle l'accompagne pour ce nouveau cycle. Ils mènent leurs études avec rigueur et honnêteté, ce qui leur vaudra déjà quelques surprises sur des thèmes comme le baptême des enfants,  la contraception ou la sola fide.

Il réussit avec brio ses examens de fin d'études et prend un poste de pasteur. Parallèlement à ses fonctions, il continue ses recherches pour approfondir sa foi.

De découvertes en découvertes, il se rapproche de plus en plus de l'Eglise, alors que Kimberly, qui n'a jamais montré la même hostilité envers les Catholiques, campe sur ses positions presbytériennes.

Il pense un moment trouver une solution dans la confession épiscopalienne, mais ses lectures, surtout les Saintes Ecritures lui montrent la justesse des positions de l'Eglise. Il essaie de prendre contact avec des prêtres catholiques :

Ø      "Père Jim, comment devrais-je m'y prendre pour me convertir à l'Eglise catholique ?

Ø      D'abord ne m'appelez surtout pas "Père". Ensuite, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de vous convertir !. La meilleure chose que vous ayez à faire, c'est d'être le meilleur presbytérien possible. Vous ferez plus de bien à l'Eglise catholique en demeurant là où vous êtes.

Ø      Ecoutez, père, je ne vous demande pas de me prendre par la force pour m'obliger à devenir catholique. Je pense que Dieu m'appelle peut-être à entrer dans l'Eglise, où j'ai trouvé mon foyer, ma famille par alliance.

Ø      Eh bien !  si vous voulez vraiment trouver quelqu'un qui vous aide à vous convertir vous avez frappé à la mauvaise porte !"

Finalement il demande en dernier recours l'aide d'un de ses meilleurs amis (Gerry), presbytérien comme lui, et qui a fait les mêmes études. Il lui fournit les livres de théologie catholique qui le troublent.  Le résultat, après quelques temps d'incubation  ne peut que l'ébranler un peu plus : Gerry l'informe qu'avec son épouse il va embrasser la foi catholique. Apprenant cela et après un entretien dramatique avec son épouse il se convertit et reçoit le "Grand Chelem" (baptême sous condition, confirmation, confession, eucharistie)  à la vigile pascale 1986.

Il s'en suit plusieurs années de profond désarroi pour leur couple, jusqu'à la conversion de Kimberly en 1990.

Relevons l'importance, pour des laïcs, d'une vie civique militante. Pendant leurs quatre années de crise, alors qu'il était catholique, qu'elle s'accrochait à sa culture presbytérienne, qu'ils ne priaient presque plus ensemble, que l'éducation des enfants devenait un problème, le lien le plus fort qui subsistait était leur action commune au sein des mouvements pro-vie.

 

IV.      L'intérêt doctrinal.

 

Au delà de l'histoire de cette conversion, l'intérêt du livre réside surtout dans le fait que la plupart des différents entre protestants et catholiques sont abordés, étudiés analysés par Scott, et que la conclusion est toujours en faveur de l'Eglise catholique.

 

La contraception.

C'est leur première surprise.

Kimberly :"Cette pratique m'avait été conseillée comme un comportement chrétien responsable et raisonnable. Dans notre préparation au mariage, on nous avait demandé quelle sorte de régulation de naissances nous comptions utiliser et non pas si nous allions en utiliser une.

La première partie de mon étude considérait la nature de Dieu et comment les conjoints dans le mariage étaient appelés à être à son image. Dieu – Père, Fils et Saint Esprit – créa l'homme et la femme à son image. Il les bénit dans l'alliance du mariage, leur commandant d'être féconds et de se multiplier (..) pour la gloire de Dieu. Dieu réaffirma ce mandat de la création dans son alliance avec Noé et sa famille, commandant toujours d'être féconds et de se multiplier. Ainsi, l'apparition du péché ne changeait rien à la vocation des époux d'être à l'image de Dieu par la procréation. (..)

Dans la deuxième partie de mon étude, je recherchais ce que l'Ecriture avait à dire des enfants. Là, la position des écrivains sacrés était unanime ! Chacun des versets traitant des enfants en parlait toujours et uniquement comme d'une bénédiction. Il n'y avait aucun proverbe mettant en garde contre le fait que les dépenses occasionnées par un enfant dépassent sa valeur. Aucune bénédiction n'était formulée en faveur de l'homme ou de la femme ayant su espacer la venue de ses enfants (..)

Dans l'Ecriture, la fécondité est présentée comme quelque chose de précieux et non comme une maladie qu'il faut éviter à tout prix".

Scott :"Je découvris que tous les réformateurs – Luther, Calvin, Zwingli, Knox, et les autres – soutenaient là-dessus la même position que l'Eglise catholique. J'étais de plus en plus troublé, l'Eglise catholique se retrouvait la seule et unique "confession " religieuse au monde à avoir le courage et l'intégrité d'enseigner cette vérité hautement impopulaire. Je ne savais qu'en penser. Aussi je me rabattis sur le vieil adage ;"Même un cochon aveugle finit par trouver un gland"; Autrement dit, au bout de deux mille ans, l'Eglise catholique se devait bien de trouver au moins une vérité !"

 

 

Sola fide. La foi seule. Il s'agit là de l'un des deux piliers de la foi protestante. C'est la question de la "justification". L'homme est-il sauvé seulement par sa foi, ou bien par sa foi et par ses œuvres ?

"Nous en étions progressivement venus à la certitude que Martin Luther avait laissé ses convictions théologiques contredire l'Ecriture elle-même alors même qu'il prétendait lui obéir plutôt qu'à l'Eglise catholique. Il soutenait qu'une personne n'est pas justifiée par la foi féconde en œuvres d'amour, mais par la foi seule. Il alla même jusqu'à ajouter le mot "seule" après le mot "justifiée" dans sa traduction allemande de Romains 3, 28 et traita la lettre de Saint Jacques d'"épître de paille", parce qu'elle dit explicitement : "…car nous ne sommes pas justifiés par la foi seule" (Jc 2,24).

Encore une fois, à notre étonnement l'Eglise catholique avait raison sur un point crucial : la justification signifiait devenir enfant de Dieu et être invité à vivre fidèlement comme tel par la foi féconde en œuvres d'amour". P. 44

 

La liturgie.

"J'allai à un séminaire catholique de rite byzantin, juste pour assister à la célébration des vêpres. Ce n'était pas une messe, seulement de la prière avec des prosternations, de l'encens, des icônes, des odeurs et des cloches. Après la cérémonie un séminariste me demanda : "qu'en pensez-vous ?" Je marmonnai simplement "Maintenant, je sais pourquoi dieu m'a donné un corps : pour adorer le Seigneur avec son peuple par la liturgie !". P. 62

 

La Présence Réelle. 

"Jésus leur dit : Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. (…) Dès lors beaucoup de ses disciples s'en retournèrent et cessèrent de faire route avec lui.

Immédiatement, je m'interrogeai sur ce que mes professeurs m'avaient enseigné – et que j'enseignais à toute la communauté – c'est-à-dire que l'Eucharistie n'étais qu'un symbole. (…) Après beaucoup de prières et d'études, je réalisais que Jésus ne pouvait pas avoir parlé au sens figuré lorsqu'il nous enseignait qu'il fallait manger sa chair et boire son sang. Les juifs de son auditoire n'auraient pas été outragés et scandalisés par un simple symbole. D plus, s'ils avaient pris son enseignement au pied de la lettre, en supposant que seul le sens figuré était visé, Jésus aurait pu facilement clarifier ses paroles. (…) Il aurait été dans l'obligation morale de leur expliquer qu'il ne parlait ici qu'en termes purement symboliques.

 

La sola scriptura.

Un jour, Scott est interpellé par un de ses étudiants : "Monsieur Hahn, vous nous avez montré que la sola fide ne vient pas de l'Ecriture, et comment ce cri de ralliement de la Réforme se trouve dénué de tout fondement, si on interprète bien le texte de Paul. Comme vous le savez, l'autre cri de ralliement de la Réforme est la sola scriptura : nous n'acceptons l'autorité que de la Bible et non du Pape, des conciles de l'Eglise ou de la Tradition. Où, Monsieur le professeur, la Bible enseigne-elle que l'"Ecriture seule" est notre unique autorité ? P. 54 Après avoir fouillé tous les textes sacrés et avoir interrogé les théologiens protestants les plus réputés – dont il n'obtiendra que des réponses abruptes et non argumentées – Scott devra se rendre à l'évidence : la sola scriptura est, elle aussi, sans fondement. Après un parallèle avec la constitution des Etats-Unis qui ne vit que par le gouvernement, le congrès et la cour suprême, il conclut :"le bon sens m'incite à penser que Jésus nous a laissé son Eglise composée d'un Pape, d'évêques et de conciles, qui tous sont nécessaires pour administrer et interpréter l'écriture". P. 74

 

L'infaillibilité pontificale.

Au cours d'une rencontre polémique avec un théologien protestant : "Eh bien ! , mon Révérend, les protestants  et les catholiques sont d'accord sur le fait que Dieu a rendu Pierre infaillible au moins dans certaines occasions, par exemple lorsqu'il écrivit la première et le seconde épître de Pierre. Alors si Dieu a pu le rendre infaillible lorsqu'il enseignait avec autorité par écrit, pourquoi ne pourrait-il le pas le prévenir lorsqu'il enseignait avec autorité en personne ? De la même façon, si Dieu a pu le faire pour Pierre et les autres apôtres qui ont écrit l'Ecriture Sainte, pourquoi ne pourrait-il pas le faire aussi pour leurs successeurs, surtout s'il entrevoyait l'anarchie qui s'en suivrait s'il ne le faisait pas ? D'ailleurs, mon Révérend, comment pouvons-nous avoir l'assurance que les vingt-sept livres du nouveau Testament sont l'infaillible parole de Dieu, si ce sont des conciles de l'Eglise et des Papes faillibles qui en ont dressé la liste ?" P. 76

 

La Sainte Vierge

"Je reçus l'appel d'un vieil ami du temps de l'université. Il avait appris que je courtisais la "prostituée de Babylone" selon son expression.

Ø      Alors, Scott, est-ce que maintenant tu adores Marie ?

Ø      Voyons, Chris, tu sais que les catholiques n'adorent pas Marie. Ils ne font que la vénérer.

Ø      Vraiment, Scott, quelle est la différence ? De toute façon, il n'y a aucun fondement biblique pour l'un ou pour l'autre.

Je ne savais que répondre. Egrenant mon chapelet, je demandai à Marie de me venir en aide. Je m'enhardis à lui répondre :

Ø      Tu pourrais être surpris.

Ø      Ah oui ? Et comment ?

Je commençais à lui sortir ce qui me venait à l'esprit.

Ø      C'est vraiment très simple, Chris. Souviens-toi des deux principes fondamentaux de la Bible. D'abord tu sais qu'en tant qu'homme, le Christ a accompli parfaitement la loi de Dieu, y compris le commandement d'honorer son père et sa mère. (..) Par conséquent, le Christ n'a pas seulement honoré son Père du Ciel : il a aussi parfaitement honoré sa mère de la terre, Marie, en lui octroyant sa propre gloire divine. Le second principe est encore plus simple : l'imitation du Christ. Nous ne faisons qu'imiter le Christ, non seulement en honorant notre propre mère, mais en honorant toute personne que lui-même honore – et avec le même honneur qu'il lui accorde". P. 69

 

La Messe

"Je regardais et j'écoutais tandis que les lectures et les réponses – si ancrées dans l'Ecriture – faisaient que la Bible prenait vie. J'avais presque envie d'interrompre la messe et de dire : "Attendez ! Cette phrase vient d'Isaïe. Ce chant est tiré des psaumes. Oh ! voilà un autre prophète dans cette prière." Je découvrais de nombreux éléments de l'ancienne liturgie juive que j'avais si intensément étudiée. Et soudain, je réalisai que c'était là le lieu où la Bible était à sa place. C'était l'écrin dans lequel ce précieux héritage familial était destiné à être lu, proclamé et expliqué". P.87

 

 

V.      Conclusion.

 

Ce livre est une histoire d'amour, ou plutôt d'amours.

L'amour que Scott et Kimberly éprouvent l'un pour l'autre et qui résistera à une crise de quatre années. L'amour de Dieu qu'ils mettent en pratique chaque jour.

C'est aussi l'illustration d'un débat fondamental entre catholiques et protestants qui curieusement n'est pas explicitement cité, celui des rapports entre la foi et la raison.

La foi de Scott n'est pas suffisante pour l'amener à se convertir, ce n'est que parce qu'elle est constamment éclairée par sa raison, par son travail de recherche dans les Saintes Ecritures, travail mené avec compétence, honnêteté et sans a priori qu'il progresse vers la Vérité.

Cette histoire est une application pratique de Fides et Ratio.