Les personnes âgées
Ce qu'en dit l'Eglise
1.
Le problème du vieillissement.
Le nombre de nos années?
soixante-dix,
quatre-vingts pour les plus vigoureux!
n'est que peine et misère;
elles s'enfuient, nous nous envolons.
Ps 90 (89), 10
Chers amis, « le troisième âge », comme on commence à l'appeler, est pour certains une rupture parfois durement ressentie ; le rythme de la vie s'est ralenti; la forme de travail que l'on avait mené et qui vous avait en quelque sorte façonné a changé. Il ne faut pas que vous considériez cette période de votre vie avec un sentiment d'échec ou de déception. La vieillesse est vraiment un âge de la vie: elle est l'accomplissement de la vie adulte.
(…)La vieillesse est
aussi l'âge privilégié du dépouillement. Votre expérience unique vous permet de
mesurer la valeur relative des choses terrestres. Elle vous rapproche du
Seigneur par la prière et la méditation et vous confirme dans la foi: ce sont
là les richesses qui ne passent pas. Elle vous donne devant la vie et devant la
mort, qui est une rencontre avec celui qui nous a aimés jusqu'à mourir nous,
un. équilibre remarquable.
Paul VI. A des vieillards de Sydney. 2-12-1970.
Et de nos jours? Si l'on
s'arrête un instant pour analyser la situation actuelle, on constate que chez
quelques peuples la vieillesse est estimée et valorisée; chez d'autres, au
contraire, elle l'est beaucoup moins à cause d'une mentalité qui prône
l'utilité immédiate et la productivité de l'homme. Une telle attitude amène
souvent à déprécier ce qu'on appelle le troisième ou le quatrième âge, et les
personnes âgées elles-mêmes en viennent à se demander si leur existence est
encore utile. Jean-Paul II. Lettre aux personnes
âgées(9).01-10-1999
L'homme reste toujours fait
« à l'image de Dieu » (cf. Gn 1,26) et chaque âge a sa beauté et ses tâches.
Dans la parole de Dieu, le grand âge est en si grande vénération que la
longévité est considérée comme signe de la bienveillance divine (cf. Gn 11,
10-32) . Jean-Paul II. Lettre
aux personnes âgées(6).01-10-1999
2.
Nos devoirs envers les personnes âgées.
"Tu honoreras ton père
et ta mère afin de vivre longuement sur terre."
Honorer quelqu'un c'est
avoir pour lui des sentiments d'estime, et faire très grand cas de tout ce qui
se rapporte à lui. Cet honneur suppose nécessairement l'amour, le respect,
l'obéissance, le service. Ce n'est pas sans motif que Dieu en nous donnant
cette Loi a employé ce mot honorez, au lieu de aimez ou craignez. Catéchisme du Concile de Trente, chapitre
32, § II.
Les vieillards! On est
parfois dur, peut-être inconsciemment. à l'égard de leurs petites exigences, de
leurs innocentes manies, que le temps a gravées dans leur âme, comme les rides
sillonnent leur visage et devraient le rendre plus vénérable aux yeux d'autrui.
On a facilement tendance à leur reprocher ce qu'ils ne font plus, au lieu de
leur rappeler, comme ils le méritent, ce qu'ils ont fait(…). Envers eux, quel
que soit notre âge, nous sommes tenus d'observer le précepte du Décalogue: «
Honore ton père et ta mère» (Ex 20, 12). Vous ne serez donc pas du nombre de
ces fils ingrats qui négligent leurs vieux parents et qui, bien souvent, se
trouvent plus tard eux aussi abandonnés dans leurs propres besoins. Pie XII aux jeunes époux. 17 07 1940.
De ce point de vue aussi, et
non seulement en raison d'une évidente exigence psychologique des personnes
âgées elles-mêmes, le lieu le plus naturel pour vivre la condition de la
vieillesse reste le cadre dans lequel elles se sentent « chez elle », parmi les
leurs, parmi leurs connaissances et leurs amis, et où elles peuvent rendre
encore quelques services. (…). L'idéal serait que les personnes âgées restent
en famille, avec la garantie d'aides sociales efficaces pour les nécessités
croissantes propres à leur âge ou à la maladie. Toutefois, il y a des cas où
les circonstances recommandent ou imposent l'entrée dans une maison de
retraite, afin que les personnes âgées puissent jouir de la compagnie d'autres
personnes et profiter d'une assistance spécialisée. Ces institutions sont donc
dignes d'éloge et l'expérience montre qu'elles peuvent rendre un service
précieux dans la mesure où elles s'inspirent de critères non seulement
d'efficacité dans l'organisation, mais aussi d'attention affectueuse. Dans ce
domaine, tout est plus facile si les relations établies par les familles, les
amis, les communautés paroissiales, avec les résidents âgés sont de nature à
les aider à se sentir aimés et encore utiles à la société. Jean-Paul II.
Lettre aux personnes âgées (6).01-10-1999
3.
Les personnes âgées ont toujours quelque chose à nous apporter.
En ces
jours-là, Élie vint à Bersabée de Juda. Il y laissa son serviteur et s'avança
dans le désert où il fit un jour de marche. Arrivé là, il s'assit sous un genêt
et il souhaita mourir: «C'en est assez, Seigneur, prenez ma vie, car je ne suis
pas meilleur que mes pères. » Il se coucha sous le genêt et s'endormit. Mais voici que l'Ange du
Seigneur le secoua et lui dit: « Lève-toi et mange. » Elie ouvrit les yeux
: il y avait près de sa tête un pain cuit sous la cendre et une gourde d'eau. Il mangea et but, et de
nouveau s'endormit. Mais l'Ange du Seigneur revint une seconde fois et le
secoua : «
Lève toi
et mange car il te reste une longue route à faire ». 3e Rois 19.
Aux personnes âgées, que
souvent, bien à tort, on considère comme des êtres inutiles, quand ce n'est pas
comme un poids insupportable, je rappelle que l'Eglise demande et attend
d'elles qu'elles poursuivent leur mission apostolique et missionnaire, mission
qui non seulement est une tâche possible et un devoir, même à cet âge, mais
qui, à cet âge précisément, prend une forme spécifique et originale.
La Bible nous présente
l'homme âgé comme le symbole de la personne riche de sagesse et de crainte de
Dieu (cf. Si 25, 4-6). En ce sens, le « don» de l'homme âgé pourrait se définir
comme celui d'être, dans l'Eglise et la société, le témoin de la tradition de
foi (cf. Ps 44, 2; Ex 12, 26-27), le maître de vie (cf. Si 6, 34; 8, 11-12),
l'artisan de charité. Jean-Paul II. Christifideles laïci (48).
30-12-1988.
S'il est vrai, donc, que
l'enfance et la jeunesse constituent pour l'être humain la période où il se
forme, où il vit projeté vers l'avenir et où, prenant conscience de ses
potentialités, il bâtit ses projets pour l'âge adulte, en revanche, la vieillesse
ne manque pas de certains avantages, car - comme l'observe saint Jérôme -, en atténuant la force des passions,
elle « accroît la sagesse, elle donne des conseils
plus avisés ». En un certain sens, c'est l'époque privilégiée de la sagesse,
qui est en général le fruit de l'expérience, parce que « le temps est un grand maître ». Jean-Paul II. Lettre aux personnes âgées(5).01-10-1999
Le premier milieu où les
personnes âgées peuvent agir est la famille. Leur sagesse et leur expérience
sont un trésor pour les jeunes époux. Dans les premières difficultés de vie
conjugale, ces derniers peuvent s'ouvrir à leurs parents comme à des confidents
qui leur offrent d'utiles conseils. Par ailleurs, les grands-parents peuvent
s'occuper affectueusement des petits enfants, à l'occasion des absences, plus
ou moins fréquentes, des parents.
Il y a plus: la société
civile a toujours confié au conseil des personnes de grande maturité la
stabilité de l'ordre social. Dans le cadre des réformes nécessaires, les
personnes âgées représentent encore aujourd'hui l'élément d'équilibre pour
l'édification de la vie commune, qui va de l'avant et qui se renouvelle, non
pas grâce à des expériences désastreuses, mais avec prudence et graduellement. Jean-Paul II. Message pour la journée des
mass media. 10 mai 1982.
4.
L'approche de la Vie Eternelle
Maintenant
ô Maître souverain tu peux laisser, selon ta parole, ton serviteur s'en aller
en paix.
Cantique de
Siméon. Lc 2, 29.
Si
la vie est un pèlerinage vers la patrie céleste, la vieillesse est la période
où il est le plus naturel de regarder le seuil de l'éternité.
Et pourtant, nous aussi, les
personnes âgées, ce n'est pas sans peine que nous nous résignons à envisager ce
passage. En lui en effet, dans la condition humaine marquée par le péché, il y
a quelque chose d'obscur qui nécessairement nous attriste et nous fait peur.
Comment en serait-il autrement? L'homme a été fait pour la vie, tandis que la
mort - comme
nous l'explique
la Sainte Écriture dès ses premières pages (cf. On 2-3) - n'était pas
prévue dans le projet initial de Dieu, mais elle est survenue à la suite du
péché, fruit de « l'envie du diable » (5g 2, 24). On comprend donc
pourquoi, devant cette réalité de ténèbres, l'homme réagit et se rebelle. Il
est significatif, à ce propos, que Jésus lui-même, « ayant été éprouvé en toute
chose, comme nous, à l'exception du péché » (He 4, 15), ait connu la peur devant la mort: « Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi » (Mt 26, 39) Jean-Paul II. Lettre aux personnes âgées(13).
01-10-1999
La foi éclaire ainsi le
mystère de la mort et elle donne de la sérénité à la vieillesse, qui n'est plus
considérée ni vécue comme l'attente passive d'un événement destructeur, mais
comme la promesse de parvenir à la pleine maturité. Ce sont des années qu'il
faut vivre en s'abandonnant avec foi entre les mains de Dieu le Père et de sa
miséricordieuse Providence; c'est une période qu'il faut employer, de façon
inventive, à approfondir sa vie spirituelle en priant plus intensément et en se
dévouant à ses frères dans la charité. Jean-Paul II. Lettre aux personnes âgées(16). 01-10-1999
Avec une insistance
croissante, on va jusqu'à proposer l'euthanasie pour résoudre les situations
difficiles. Malheureusement, ces derniers temps, le concept d'euthanasie a
perdu peu à peu, pour beaucoup de gens, la connotation d'horreur qu'elle
suscite naturellement lorsqu'on est sensible au respect de la vie. Il peut
arriver, il est vrai, que, dans les cas de maladies graves accompagnées de
souffrances insupportables, les personnes éprouvées soient poussées à
l'exaspération, et leurs proches ou ceux qui sont chargés de les soigner
peuvent se sentir enclins, par une compassion mal comprise, à tenir pour
raisonnable la solution de la « mort douce ». À ce propos, il
faut rappeler que la loi morale permet de renoncer à ce qu'on appelle«
acharnement thérapeutique » et qu'elle réclame seulement les soins
qui entrent dans les exigences normales de l'assistance médicale, laquelle est
surtout destinée, dans les maladies incurables, à alléger la douleur. Mais tout
autre est l'euthanasie, entendue comme provocation directe de la mort. Jean-Paul II. Lettre aux personnes
âgées(9).01-10-1999
L'avortement et l'euthanasie
sont donc des crimes qu'aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des
lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la
conscience, mais 1elles entraînent une
obligation grave et précise de s'y opposer par l'objection de conscience. . Jean-Paul II. Evangelium
vitae (73) 25 03-1995.