Les intentions de messe

 

 

Faire célébrer une messe est un bel acte de foi dans la puissance de l'eucharistie.

La messe est toujours célébrée pour le monde entier et pour l’Eglise universelle, mais on peut recommander une intention particulière :

 

L'intention

On peut célébrer des messes pour demander une grâce pour des jeunes mariés, pour des nouveaux prêtres, pour un défunt, pour un malade, pour un parent, pour un ami, pour soi-même, pour la vie du monde… pour la vie de l'Église… pour la France…

On célèbre aussi des messes d'action de grâces - noces d'or ou d'argent - jubilé sacerdotal, guérison, paix retrouvée…

Il suffit d'indiquer en quelques mots au prêtre l'intention. Si on préfère garder la discrétion on peut indiquer : "pour une intention particulière".

L'offrande

L'offrande participe très concrètement à la vie de la communauté chrétienne : entretien de l'Eglise, conditions matérielles de la vie du prêtre, ...

Ce geste financier est aussi signe d'un petit sacrifice fait par la ou les personnes qui demandent la célébration de l'eucharistie à une intention donnée. Ce signe engageant leur quotidien engage aussi leur prière pour cette intentions.

Le montant de l'Offrande est fixé par l'Assemblée des Évêques : 16 € depuis janvier 2009 pour une intention de messe.

Lorsque des personnes souhaitent demander la célébration de plusieurs messes consécutives pour une même intention, il leur est proposé une neuvaine (la célébration de messes consécutives en 9 jours) ou Trentain (la célébration de messes consécutives en 30 jours).

La Date

Le fidèle peut spécifier la date à laquelle il souhaiterait que la messe soit célébrée, ceci très particulièrement afin de s'y unir par sa présence et sa prière. 

 

 

 

 

 

 

1. Si la messe est célébrée pour le salut du « monde » :

   comment peut-on faire célébrer une messe pour une intention « particulière »?

 
En effet : toute eucharistie est célébrée pour le monde entier et elle a toujours valeur universelle. Car la messe est le sacrifice du Christ auquel s’unit toute l’Eglise : celle du ciel -- les saints --  et celle de la terre -- nous tous -- encore en route ici-bas. Cependant, chaque célébrant a la possibilité de joindre à cette intention générale telle ou telle intention particulière qui peut lui être confiée : dans les Prières Eucharistiques, il y a des moments prévus pour les intentions particulières. Demander qu’on célèbre la messe pour une intention particulière, c’est inscrire mon intention dans la grande prière par excellence de l’Eglise, c’est-à-dire, l’Eucharistie.

 

2. Quand on parle « d’intention de messe », que doit on comprendre ?


L’intention c’est votre intention de prière. Cette intention peut être soit personnelle, pour une intention qui me tient à cœur : ma vocation, ma santé, mes études, mon travail ; soit pour d’autres personnes : pour mes enfants, pour tel ami en difficulté, pour un malade, pour un jeune qui vient d’entrer au séminaire, pour des fiancés, pour le Saint-Père, pour l’unité des chrétiens, pour la France, pour la paix dans ma famille, pour la paix au Moyen-Orient, etc., soit pour confier un défunt à la miséricorde du Seigneur ; soit en action de grâces pour tel ou tel événement vécu : anniversaire, fiançailles, noces d'or ou d'argent, ordination sacerdotale, santé, paix, unité familiale retrouvée... Si on souhaite rester discret à cause de la nature de l’événement (par exemple, en action de grâces parce que telle femme a gardé son enfant), on peut indiquer simplement au prêtre de célébrer pour une « intention particulière ». Habituellement, on précise aussi la date de la célébration : ainsi, si on ne peut pas y assister, on peut au moins s’y unir par la prière. Ce n’est pas seulement le prêtre qui prie, mais c’est toute l’assemblée, toute l’église du ciel et de la terre, qui se trouve associée à la prière pour les intentions particulières de chacun de ses membres !


3. Mais faire célébrer une messe pour une intention particulière n’équivaut-il pas à « acheter une messe ou acheter une Grâce » ?


Non, on n'achète ni la puissance ni la miséricorde de Dieu ! (ce trafic des biens spirituels s'appelle « simonie » : Act. 8, 9-25). Car la messe n'a pas de prix : Le “prix “ qu'a payé le Christ en se sacrifiant est infini : Il fut immolé rachetant pour Dieu, au prix de son sang, des hommes de toute tribu, langue peuple et nation. (Apocalypse 5, 9). On n’achète pas une messe, on n'achète pas Dieu pour quelques euros, on ne fait pas du commerce avec le salut ! On offre tout simplement une aumône. Ainsi, on ne peut pas parler de “prix”, mais d’offrande ou d’honoraires. L’argent n'est pas pour payer la messe, mais pour aider le prêtre à vivre : une offrande est alors une participation financière dont le but principal est de subvenir aux besoins du prêtre et de sa communauté, et pour contribuer aux frais de se mission. Comment pourrait-on, par exemple, atteindre les gens par la prédication si la sono ne marche pas? Comment chauffer et éclairer l’église si on ne peut payer le gaz ou l’électricité? Mais ne restons pas au simple niveau matériel : élevons notre regard ! Faire une offrande, c’est essentiellement s’offrir soi-même, une façon donc d’exercer son sacerdoce commun de baptisés, c’est un geste d'association au sacrifice salutaire du Christ, en offrant une partie de son bien, fruit de son travail, de sa peine.

 
4. Notre offrande s’identifie alors avec l’offrande de la Messe ?


Non, il ne faut pas confondre les plans ! Notre offrande en argent n'est pas l'offrande accomplie à la messe car, dans l'Eucharistie, il n'y a pas d'autre offrande que celle du sacrifice du Christ à son Père. C’est à ce sacrifice que s’associe l'offrande de toute l'Église, en s’offrant elle même, dans son être, dans son agir, dans son avoir. Or, ce que l’Eglise a de plus précieux est le Christ lui-même : son Corps et son Sang. Faire célébrer une messe, c'est alors faire monter à l'autel, avec l’offrande du Christ, notre supplique : la présenter devant le Seigneur, devant ses anges et ses saints. La Petite Thérèse, quand elle sût qu’un assassin nommé Pranzini allait être exécuté, fit célébrer une messe pour sa conversion. Elle fit ainsi porter sur l’autel l’intention qu’elle avait dans son cœur, et elle fut exaucée. Elle n’avait que 14 ans et elle avait déjà bien compris la puissance du sacrifice rédempteur.


5. Parler d’honoraires de messe me gêne : n’est-ce pas une invention tardive, source de scandale pour les Protestants ?


Pas du tout : dès les premiers siècles les fidèles ont voulu participer matériellement à l'Eucharistie. Ils l’ont fait par des offrandes en nature (pain, vin, lait, vêtements) ou par des offrandes en espèces, qui étaient destinées à assurer les frais du culte, la subsistance des prêtres, la vie de l'Église. Cette tradition n’est pas une invention du christianisme : déjà dans l'Ancien Testament, les prêtres recevaient une part des sacrifices faits à Dieu (Lv 2 et 7). Il y a donc une antique tradition qui témoigne que le prêtre doit toujours pouvoir vivre de l'autel, c'est-à-dire, de la part que Dieu lui fait dans les biens que les hommes offrent au Seigneur. Quant à l’expression "honoraires de messe", on la trouve dans des textes canoniques du VIII° siècle. L’actuel code de droit canonique légitime cette pratique (Canon 945) et la réglemente (Canon 946 et suivants).


6. Cependant, l’Etat aide matériellement l’Eglise, n’est-ce pas? Et si ce n’est pas l’Etat, c’est le Vatican, ou l’Evêché ?


Non : les diocèses de France ne reçoivent aucune subvention du Saint Siège. Par rapport à l’Etat, en France, à cause de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, l’Eglise ne jouit d’aucune subvention ni de privilèges spéciaux. Sauf exception de l'Alsace et de la Lorraine, les impôts ne financent pas le clergé ni le fonctionnement des lieux de Culte. La vie matérielle de l'Église ne repose que sur la contribution volontaire des fidèles ! Le clergé ne se nourrit pas seulement de remerciements et d’eau fraîche...  Le denier du culte n'est pas un moyen de subsistance suffisant pour nos prêtres. L'apport des offrandes de messes leur est indispensable. Ajoutons que le prêtre religieux ne touche rien du denier du culte. L’offrande est ainsi un obole, un "petit plus" ponctuel pour soutenir les prêtres. Grâce aux fidèles, les prêtres peuvent manger, nettoyer, chauffer et éclairer les églises, y installer une sonorisation convenable, les maintenir ouvertes, entretenir les salles de conférence, etc. Si on aime l'Eglise, on ne peut pas rester sur les bancs comme des spectateurs : on est invité à s'engager plus pleinement en contribuant à l’œuvre de louange. Aidons nos prêtres à rendre grâce à Dieu d’une façon digne et convenable. Aussi, Notre Seigneur lui-même disait : L’ouvrier mérite son salaire (Lc 10, 7).

 
7. Je sais qu’une somme est proposée pour l’offrande de la messe. Est-ce obligatoire ?


Le montant de l’offrande(et non pas le “prix”, j’insiste!) proposé par les évêques répond à un désir d’équilibre et de justice. La Conférence des Evêques propose : 16 Euros pour une messe (32 Euros pour deux messes, etc...) ; 160 (?) Euros pour une Neuvaine ; 530 (?) Euros pour un Trentain. La somme est dérisoire : épargnons-nous le mauvais goût de faire des comparaisons avec les produits du supermarché ou du tabac ! Tout le monde peut donc apporter ses intentions sur l’autel. Cette modique somme empêche aussi d’imaginer que son salut coûte de l’argent ! Celui qui a moins de possibilité financière peut donner moins ; une personne sans ou avec très peu de ressource n’est pas tenue à donner ce qu’elle n’a pas ; mais celui qui a davantage de moyens peut toujours faire une offrande à la hauteur de ses revenus. Cependant, il faut être clair : la grâce du Seigneur n’est pas “proportionnelle” à la somme de l’offrande !


8. Vous venez de parler de « neuvaine » et de « trentain » : de quoi s’agit-il ?


Une neuvaine est la célébration de 9 messes consécutives (9 jours), tandis qu’un trentain (trentain grégorien) est la célébration de 30 messes consécutives (30 jours). Il n'est pas cependant nécessaire qu'elles soient célébrées par le même prêtre. Le trentain est un usage très ancien qui remonte à la fin du VIème siècle, au Pape Saint Grégoire le Grand. Le Pape Benoît XIV, en 1752, faisait l'éloge de cette coutume en la qualifiant de "pieuse, approuvée et raisonnable".

 

9. Est-ce qu’un prêtre peut célébrer une messe pour plusieurs intentions ?

 

Chaque prêtre célèbre une seule messe par jour, avec une seule intention particulière. Ainsi, quand il y a une concélébration, si vous entendez plusieurs intentions, c’est que chaque prêtre célèbre pour l’une ou l’autre de ces intentions particulières.


10. Que se passe-t-il si le prêtre ne dit pas le nom du défunt pour qui la messe est célébrée?

 

Il peut arriver que le prêtre ne le dise pas, mais la messe est toujours célébrée pour cette intention. Le nom du défunt n’est pas une sorte de formule magique qui aurait pour effet le déclenchement automatique de la grâce de Dieu sur lui au moment de sa prononciation !


11. Offrir des messes ne fait quand même pas « sortir des âmes du purgatoire », 

      à supposer que ce fameux purgatoire existe !


Mais il existe ! Une messe célébrée à l’intention d’un défunt a une valeur inestimable. C’est le plus beau cadeau qu’on puisse offrir à un être cher qui nous a quittés, la prière la plus puissante à son égard ! Cet usage est très ancien (il est déjà attesté à Smyrne, au II° siècle) : les premiers chrétiens remplacèrent les banquets païens en honneur des morts par la célébration de l’Eucharistie en mémoire des défunts. Ainsi, il n'est plus question de tribut aux dieux païens pour les forcer à protéger les défunts, mais d’union à la prière du Christ s’offrant au Père, pour le salut de tous les hommes. L’Église a toujours honoré la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique, afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 1032). Le Saint Curé d’Ars disait : Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au sacrifice de la messe parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la Sainte Messe, l’œuvre de Dieu: elle est le sacrifice que Dieu fait aux hommes de son Corps et de son Sang.”

Faire célébrer une messe pour celles et ceux que vous aimez, un superbe cadeau !

 

LE TRENTAIN GRÉGORIEN

APERÇU HISTORIQUE

Le trentain grégorien l’emporte sur toute autre dévotion en faveur du purgatoire, par son antiquité autant que par l’autorité de son fondateur et son exceptionnelle efficacité. C’est un usage très ancien puisqu’il remonte à la fin du VIe siècle. Il tient son nom du pape saint Grégoire le Grand, qui l’institua alors qu’il était abbé de Saint-André (abbaye bénédictine du Mont Coelius à Rome). Voici ce qu’on lit dans l’un des plus remarquables ouvrages de ce Docteur de l’Église (Dialogues, L. IV, ch. 55) à propos du moine Justus : « Ayez soin que pendant trente jours, le saint Sacrifice soit offert pour lui et qu’on ne manque pas un seul jour d’immoler la sainte Victime à son intention ». Les Bollandistes nous rapportent, dans le passage suivant de la vie de saint Grégoire, ce qui était arrivé ce malheureux moine : « Tendrement chéri de ses frères, le Saint s’associait paternellement à leurs épreuves, à leurs croix intérieures, pourvoyait à leurs nécessités temporelles et spirituelles. Il admirait surtout la sainte mort de plusieurs d’entre eux. Il en a raconté les détails dans ses Dialogues, où il semble respirer d’avance le parfum du Ciel. Mais l’affectueuse bonté qui l’inspira toujours ne l’empêchait pas de maintenir avec une scrupuleuse sévérité les exigences de la Règle. Il fit jeter à la voirie le corps d’un moine nommé Justus, qui était aussi un habile médecin, et dans la cellule duquel on trouva trois pièces d’or, au mépris de l’article de la Règle qui interdisait toute propriété individuelle. Les trois pièces d’or furent jetées sur le cadavre, en présence de tous les religieux, qui durent tour à tour répéter à haute voix le texte : "Périsse ton argent avec toi... (Pecunia tua tecum sit in perditionem)" (Act. VIII 20). Une fois cette justice accomplie, la miséricorde reprit le dessus dans le coeur du Père, qui fit célébrer la messe pendant trente jours de suite, pour délivrer cette pauvre âme du purgatoire. » Le texte ajoute que, le trentième jour, saint Grégoire fut assuré de la délivrance de l’âme de Justus, comme le constate aussi l’inscription que l’on trouve à Rome, au Mont Coelius, dans l’église des saints André et Grégoire, construite dans l’antique demeure du saint Pape.

Lui-même aurait été instruit, par une révélation, de l’efficacité de ces trente messes. Un jour, enflammé pour les âmes du purgatoire d’une charité très ardente, il se lamentait de ce qu’après sa mort il ne pourrait plus rien pour elles : « Mon ami, lui dit Notre-Seigneur, je veux bien accorder en ta faveur un privilège qui sera unique. C’est que toute âme du purgatoire, pour laquelle seront offertes trente messes en ton honneur et sans interruption, sera immédiatement délivrée quelle que soit sa dette envers moi… »

L’usage du trentain est encore très répandu à Rome, beaucoup moins dans le reste de l’Italie et dans les autres pays. La diminution des couvents d’hommes, la rareté des prêtres, dont la plupart sont occupés au ministère paroissial, sont des causes qui rendent souvent impossible la pratique du

trentain, lequel n’est d’ailleurs pas à la portée de toutes les bonnes volontés...

Cependant, il n’est pas difficile de retrouver des traces de cette dévotion.

En Bourgogne, par exemple, dans les vieilles églises, on retrouve souvent les restes d’un autel dédié à saint Grégoire et aux âmes du purgatoire. Plusieurs tableaux, qui surmontaient ces autels, existent encore dans des collections particulières ou dans les musées.

Les communautés religieuses ont presque toutes, dans leurs constitutions, l’obligation de faire dire un trentain de messes grégoriennes pour chaque membre défunt... (Carmélites, Dominicaines, etc.)

 

CONDITIONS

La célébration du trentain grégorien est qualifiée de pieuse coutume par

Benoît XIV en 1752, et un décret de la S. Congrégation des Indulgences, en 1884, déclare qu’il serait téméraire de qualifier cette dévotion de superstition. Il n’en reste pas moins nécessaire de préciser plusieurs points particuliers, pour éviter toute erreur et pour réfuter d’avance quelques inventions sans fondement.

Ce qui n’est pas requis.

II n’est pas nécessaire que les trente messes soient célébrées sur l’autel de saint Grégoire, au Mont Coelius, à Rome ; pas davantage sur un autel grégorien ad instar : c’est-à-dire auquel le Saint-Père aurait étendu les privilèges accordés à l’autel du Mont Coelius. Bien que ces autels procurent aux âmes pour lesquelles on prie un soulagement particulier, dû à la puissance d’intercession de saint Grégoire, rien ne requiert l’autel grégorien pour la célébration de ces messes. En outre, il n’est prévu nulle part qu’il soit nécessaire de dire les messes en l’honneur de ce grand Saint ; encore moins d’y faire mention de son nom par une oraison appropriée. Par le seul fait du trentain, il se trouve suffisamment honoré puisqu’on espère obtenir, par son entremise et pour sa gloire, la délivrance de l’âme qui lui aura été recommandée.

En second lieu, rien n’exige que ce soit le même prêtre qui dise toutes les messes au jour le jour, ni au même autel pendant tout le mois. Si ces deux conditions étaient exigées, quel prêtre, même religieux et cloîtré, pourrait se charger d’une telle obligation ?...

Ce qui est nécessaire.

Ce qu’il faut observer de toute nécessité, c’est que les trente messes soient célébrées, une à une, trente jours de suite. Par trente messes, célébrées par plusieurs prêtres dès les premiers jours qui suivent le décès, l’âme serait plus rapidement soulagée ; mais il ne serait pas possible d’avoir la consolante assurance, dont il est ici question, basée sur la foi aux mérites et à l’intercession de saint Grégoire, que Dieu, semble-t-il, veut glorifier par cette pratique. En outre, l’application ne peut en être faite que pour une seule âme, à déterminer par celui qui fait dire le trentain. On peut formuler son intention, par exemple : « Je fais célébrer ce trentain pour l’âme de X..., ou à son défaut pour Y..., etc. » De cette façon, il sera toujours appliqué à une âme chère, mais à une seule à la fois. Il devrait être inutile d’ajouter que le trentain ne peut être dit que pour l’âme d’une personne déjà morte, ce qui est vrai, par ailleurs, même pour une seule messe (quand il s’agit de la célébrer pour la délivrance du Purgatoire). Dans ce sens, il est clair qu’on ne peut faire dire une messe pour une personne encore en vie, de manière que l’application en reste suspendue jusqu’à la mort de cette personne-là. Autre chose est d’aller trouver un prêtre, qui accepte aujourd’hui l’obligation de célébrer, ou faire célébrer, un trentain pour qui je voudrai, mais à célébrer seulement après la mort de la personne désignée d’avance.

Le Saint-Siège a souvent déterminé, au cours des siècles, ce qu’il était permis de dire et ce qu’il fallait condamner au sujet du trentain. Nous n’aurons donc pas de document plus sûr, pour terminer, que le texte du décret publié à ce sujet par la Sacrée Congrégation des Indulgences, le 14 janvier 1889 : « La confiance des fidèles, regardant la célébration des trente messes dites grégoriennes comme particulièrement efficaces, en vertu du bon plaisir et de l’acceptation de la divine miséricorde, pour délivrer une âme du purgatoire, est pieuse, approuvée et raisonnable... » Cela suffit pour démontrer que le Saint-Siège reconnaît le bien-fondé de la croyance des fidèles dans l’institution que leur a laissée saint Grégoire le Grand, dont la plus chère dévotion fut de secourir les âmes du purgatoire. Il consola tant le divin Coeur de Jésus, par ses prières, ses bonnes oeuvres et ses sacrifices en leur faveur, que le bon Maître a voulu le glorifier dès lors, nous en avons la

pieuse assurance, en accordant à son intercession la délivrance de toute âme

pour laquelle serait appliqué un trentain grégorien.