L'Eglise
est-elle misogyne ?
(d'après
Préambule : Je ne réponds qu'à la question posée en évitant la facilité qui consisterait à comparer la religion catholique avec les autres religions ou même la F\M\
Par contre l'Eglise étant une dans le temps comme dans l'espace je prendrai en considération l'Eglise depuis ses origines.
Pour commencer quelques citations :
· "Pendant des siècles les docteurs de l'Eglise se sont interrogés pour savoir si les femmes avaient une âme" (Rocard en 1990 à la tribune de l'assemblée nationale)
· "Dire qu'il a fallu un concile pour décider que les femmes avaient une âme" (la rumeur chez les bien-pensants (CRC = Cathos Religieusement Corrects)).
· "Que les femmes se taisent dans les assemblées !" (1 Co 14, 34)
· "Femmes soyez soumises à vos maris" (Ep 5, 22)
Etc..
Les deux premières citations peuvent être regroupées, encore qu'elles ne soient pas tout à fait identiques.
La première prononcée à la
tribune de l'assemblée nationale par un parpaillot premier ministre en
exercice, et reprise au journal de 20 H
la même année par
Il est facile de la démonter, il
suffit de prendre chacun des 20 premiers siècles de la vie de l'Eglise pour
montrer qu'à chaque époque les femmes ont été considérées (en dehors de la
question du sacerdoce) par l'Eglise comme égales en dignité avec les hommes. Que ce soit dans
les arènes pendant les 3 premiers siècles, dans les monastères ensuite, que ce
soit pour les canonisations, pour l'inscription de Saints martyres au canon de
la messe, pour l'admission à la Sainte communion, il n'y a jamais eu la moindre réticence de l'Eglise envers les femmes. Quant
au culte de
La deuxième citation est plus pernicieuse parce qu'elle semble s'appuyer sur un fait historique. Il s'agit d'une rumeur qui tel le monstre du Loch Ness remonte quelquefois à la surface… et qui laisse de marbre les "autorités" religieuses.(…)
C’est Grégoire de Tours, l’évêque et historien
du VIème siècle, racontant le Concile de Macon qui s’est célébré en
585 quelques années avant sa mort survenue vers 594, qui se trouve bien
involontairement à l’origine de cette légende. Qu’écrit-il donc : "Il
y eut dans ce concile un évêque qui disait que les femmes ne pouvaient être
appelées homo (homme). Cependant, il se tint tranquille lorsque les évêques lui
eurent fait entendre raison, en citant le passage de l’Ancien Testament, qui
dit qu’au commencement, quand Dieu créa l’être humain, il le créa homme et
femme, et lui donna le nom d’Adam (Ge 5, 2), ce qui veut dire homme de terre,
appelant ainsi du même nom d’homo la femme et l’homme. D’ailleurs,
Notre-Seigneur Jésus-Christ est aussi appelé Fils de l’Homme, parce qu’il est
né de
Ce texte est très important : notons tout d’abord que, comme le Concile n’en parle pas en ses actes, il s’agit sans doute d ’une question posée hors programme par un des évêques présents, au cours de discussions libres ; notons ensuite il s’agit en fait d’un problème de vocabulaire car il ne s’agissait pas de savoir si la femme avait une âme, mais si on pouvait lui attribuer le mot "homme". (source : site pastorale jeunesse du canton de Vaud)
Les deux autres citations sont plus sérieuses, elles viennent de Saint Paul, cible privilégiée des féministes, il ne s'agit plus pour nous de contredire mais d'expliquer et de comprendre
.
«Que les femmes se taisent dans les
assemblées » (1 Cor 14, 34).
Mais si elles
ne peuvent avoir un ministère d'enseignement et de présidence, l'apôtre les
utilise beaucoup comme collaboratrices, dans son activité missionnaire.
D'ailleurs, il ne leur ôte pas le droit de prophétiser ou de parler en langues,
si elles en ont le charisme (
Et encore Jean-Paul II dans Christifideles Laïci "Dans le sillage de l'Evangile, l'Eglise des origines se détache de la culture du temps et invite la femme à des tâches liées à l'évangélisation. Dans ses Lettres, l'apôtre Paul cite par leur nom un certain nombre de femmes en raison de leurs fonctions diverses à l'intérieur et au service des premières communautés ecclésiales" (cf. Rm16, 1-15; Ph 4, 2-3..).
En fait en disant cela on peut penser que Saint Paul voulait simplement prévenir certains excès, ceux-ci heureusement n'existent plus aujourd'hui …
Pour la deuxième, citation de saint Paul je l'ai quelque peu synthétisée, il faut la replacer dans son contexte :
"21Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ. Que les femmes le soient à leurs maris comme au Seigneur: 23en effet., le mari est chef de sa femme, comme le Christ est chef de l'Eglise, lui le sauveur du Corps; 24or l'Eglise se soumet au Christ; les femmes doivent donc, et de la même manière, se soumettre en tout à leurs maris. Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Église: il s'est livré pour elle, 26 afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d'eau qu'une parole accompagne. ; 27 car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée. 28De la même façon les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Aimer sa femme, c'est s'aimer soi-même. 29Car nul n'a jamais haï sa propre chair; on la nourrit au contraire et on en prend bien soin. C'est justement ce que le Christ fait pour l'Eglise: 30ne sommes-nous pas les membres de son corps? 31 Voici donc que l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair ;32ce mystère est de grande portée; je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l'Eglise.. 33Bref, en ce qui' vous concerne, que chacun aime sa femme comme soi-même, et que la femme révère son mari."
Contrairement à ce qu'on entend aujourd'hui pour affadir ce texte, Saint Paul n'écrivait pas seulement pour les chrétiens de son temps, mais pour toute l'Eglise qui est UNE, dans le temps comme dans l'espace.
La meilleure explication de ce texte on la trouve chez Pie XI
24 Cette
soumission, d'ailleurs, ne nie pas, elle n'abolit pas la liberté qui revient de
plein droit à la femme, tant à raison de ses prérogatives comme personne
humaine, qu'à raison de ses fonctions si nobles d'épouse, de mère et de compagne;
elle ne lui commande pas de se plier à tous les désirs de son mari, quels
qu'ils soient: même à ceux qui pourraient être peu conformes à la raison ou
bien à la dignité de l'épouse; elle n'enseigne pas que la femme doive être
assimilée aux personnes que dans le langage du droit on appelle des mineurs et
auxquelles, à cause de leur jugement insuffisamment formé ou de leur impéritie
dans les choses humaines, on refuse d'ordinaire le libre exercice de leurs
droits, mais elle interdit cette licence exagérée qui néglige le bien de la
famille; elle ne veut pas que, dans le corps moral qu'est la famille, le cœur
soit séparé de la tête, au très grand détriment du corps entier et au péril -
péril très proche - de
25 Sur cet ordre qui doit être observé entre la femme et son mari, Notre Prédécesseur d'heureuse mémoire Léon XIII donne, dans l'Encyclique sur le mariage chrétien que Nous avons rappelée, ces très sages enseignements: « L'homme est le prince de la famille et le chef de la femme; celle-ci, toutefois, parce qu'elle est, par rapport à lui, la chair de sa chair et l'os de ses os, sera soumise; elle obéira à son mari, non point à la façon d'une servante, mais comme une associée et ainsi, son obéissance ne manquera ni de beauté ni de dignité. Dans celui qui commande et dans celle qui obéit – parce que le premier reproduit l'image du Christ, et la seconde l'image de l'Église -la charité divine ne devra jamais cesser d'être la régulatrice de leur devoir respectif. » (Pie XI Casti Connubii).
Conclusion sur Saint Paul :
On rappellera simplement ici le célèbre passage de l'Épître aux Galates qui affirme l'égalité des hommes et des femmes devant Dieu:
"Tous, vous êtes fils de Dieu par le moyen de la foi en Christ Jésus; vous tous, en effet, qui avez été baptisés en Christ, c'est Christ que vous avez revêtu. Il n'y a pas de Juif; pas de Grec, il n'y a pas d'esclave ni d'homme libre, il n'y a pas d'homme et de femme; car tous, vous êtes un en Jésus-Christ (Gal, 3, 26-29).
La
question du Sacerdoce
(…)
D'autre part, le fait que la très sainte
Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Eglise, n'ait reçu ni la mission
spécifique des Apôtres ni le sacerdoce ministériel montre clairement que la
non-admission des femmes à l'ordination sacerdotale ne peut pas signifier
qu'elles auraient une dignité moindre ni qu'elles seraient l'objet d'une
discrimination; mais c'est l'observance fidèle d'une disposition qu'il faut
attribuer à la sagesse du Seigneur de l'univers.
4. Bien que la doctrine sur l'ordination
sacerdotale exclusivement réservée aux hommes ait été conservée par la
Tradition constante et universelle de l'Eglise et qu'elle soit fermement
enseignée parle Magistère dans les documents les plus récents, de nos jours,
elle est toutefois considérée de différents côtés comme ouverte au débat, ou
même on attribue une valeur purement disciplinaire à la position prise par
l'Eglise de ne pas admettre les femmes à l'ordination sacerdotale.
C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Eglise, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22, 32), que l'Eglise n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Eglise. (...) Jean Paul II (Ordinatio Sacerdotalis).
Ce texte est généralement considéré comme entrant dans le cadre de l'infaillibilité pontificale. (voir annexe).
Les
filles enfants de choeur ou servants (es) d'autel sont-elles autorisées,
ou, plus généralement, les femmes ont-elles accès au service de
l'autel ?
Telle est la question que se posent de nombreux fidèles qui, en France, constatent la généralisation de cette pratique, surtout depuis 1994, date d'une décision du Saint-Siège à ce sujet. La réponse serait donc : - Oui. (lettre du cardinal Javierre Ortas aux présidents des conférences épiscopales commentant le canon 230 § 2)
La réponse
est, en réalité : Non, sauf si l'évêque diocésain a donné explicitement la
permission pour des raisons particulières. De plus, même dans ce cas, tout
prêtre responsable d'une communauté de fidèles a toujours la possibilité de
refuser l'accès des femmes au service de l'autel, spécialement s'il fonde sa
décision sur l'obligation de favoriser l'existence des groupes de garçons
assurant le service de l'autel, qui ont permis un développement encourageant
des vocations sacerdotales. ( www.ceremoniaire.net
).
L'Eglise,
au contraire, a œuvré pour la dignité de la femme dans un environnement
défavorable.
Laissons maintenant de coté tous ces sujets polémiques et considérons l'histoire de l'Eglise :
L'enseignement chrétien sur le mariage, qu'on trouve
d'abord dans les paroles du Christ et dans les Épîtres de saint Paul, a trouvé
son prolongement dans la législation de l'Église, législation contraignante, et
qui a eu du mal à être acceptée, mais qui a été libératrice pour les femmes.
La plus ancienne législation , sans doute, est celle
concernant la nécessité du consentement. Dans des sociétés occidentales comme
orientales où le mariage était d'abord un acte social, voire politique pour les
classes supérieures, l'Église, dès le IV' siècle avec saint Ambroise et les
premières décrétales pontificales, fait de la liberté du consentement dans le
mariage une condition indispensable de sa validité. En 567, le concile de Tours
reconnaîtra que le mariage de Radegonde avec Clotaire J" n'était pas
valide puisque non librement consenti par celle-ci. C'est le premier exemple
connu de cas de nullité.
Corollaire du consentement, mais fondée sur la
Révélation, il y a l'indissolubilité du mariage (" Ce que Dieu a uni
").Elle a eu plus de mal à s'imposer. Mais l'historien Michel Rouche fait
justement remarquer: « le coup d'éclat
qui fùt marqué par le refus absolu du divorce du roi Lothaire II de Lotharingie
en 865 d'avec son épouse Teutberge pour épouser sa concubine Waldrade qui lui
avait donné un fils, marqua profondément les esprits. Il rendit impossible le
divorce, dans les mentalités jusqu'au XVIIème siècle, car c'était avilir une femme. »
La dynastie ottonienne, en Allemagne, au XI' siècle,
offre aussi de beaux exemples de mariage chrétien. Henri Il refusera de
répudier son épouse Cunégonde bien qu'elle ne lui ait pas donné d'héritier. (Y. Chiron La Nef 149)
Conclusion
La présence et le rôle de la femme dans la vie et dans la mission de l'Eglise, bien que non liés au sacerdoce ministériel, demeurent absolument nécessaires et irremplaçables. (...) « L'Eglise, en effet, en défendant la dignité de la femme et sa vocation, a manifesté de la gratitude à celles qui, fidèles à l'Evangile, ont participé en tout temps à la mission apostolique de tout le peuple de Dieu, et elle les a honorées. II s'agit de saintes martyres, de vierges, de mères de famille qui ont témoigné de leur foi avec courage et qui, par l'éducation de leurs enfants dans l'esprit de l'Evangile, ont transmis la foi et la tradition de l'Eglise » (Mulieris dignitatem). (...)
J'entends dire que la religion catholique est misogyne. Ce n'est pas sérieux ! Une religion qui agenouille les hommes devant une femme couronnée manifeste une misogynie suspecte.(André. Malraux Le Point 17 mars 1975)
Annexes