Le rôle de
l'Etat dans l'éducation.
D'après : M. Creuzet : L'enseignement suppléments à Permanences N°4 & 5
JTV Vidéo-cassette N°21
L'Etat.
Recherche d'une définition :
Le plus froid des monstres froids.(Nieztche)
La violence organisée (Lénine)
L'incarnation de l'idée (Hegel)
Pour l'homme de la rue, c'est : la Police, l'Administration, le fisc, e même souvent c'est "ils".
Pour un "homme politique moderne", c'est "La République".
Etc..
Etat libéral, Etat marxiste : donner une qualification à l'Etat, c'est lui donner une coloration idéologique et donc une finalité différente de celle de L'Etat tout court.
Etat libéral:
libérer le peuple des contraintes de l'histoire, de la nature, de
Définition : le mot Etat évoque ce qui
dure, ce qui demeure, ce qui est stable (stat). Et encore: la majesté, un
certain caractère sacré, l'unité, la continuité, la justice,
Missions de l'Etat : préserver la sécurité extérieure et l'harmonie intérieure.
Séparation ou distinction du temporel et du spirituel: le contresens habituel sur le "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu".
Conclusion provisoire sur l'Etat : bien distinguer ce que devrait être un Etat et ce qu'il est devenu dans la plupart des pays - en particulier en France - un état idéologique plus préoccupé de la propagation de son idéologie dominante que de l'harmonie et de la sécurité de la Nation.
l'Education
Qu'est-ce que l'éducation ? Y a-t-il une éducation ou des parties d'éducation ?
Chacun connaît le vieux débat sur la liberté : y a-t-il une liberté de circuler, une liberté de la presse, une liberté de culte etc.... Ou bien n'y a-t-il qu'une liberté qui ne se tronçonne pas et qui ne peut qu'être entière ou ne pas être ?
De la même manière, on peut se dire qu'il y a une éducation religieuse, une éducation scientifique, une éducation sentimentale etc.. ou considérer qu'il n'y a qu'une éducation qui peut présenter plusieurs facettes, mais qui ne se divise pas.
"L'éducation consiste à ce que l'Homme devienne toujours plus Homme, qu'il puisse être d'avantage et pas seulement qu'il puisse avoir d'avantage, et que, par conséquent à travers tout ce qu'il a, tout ce qu'il possède, il sache de plus en plus être pleinement Homme" JP II à l'UNESCO, 2 juin 1980.
Les différents milieux éducateurs.
La famille.
La famille est le premier des milieux éducateurs.
Plusieurs raisons à cela, d'abord l'ordre chronologique, le petit homme naît au sein d'une famille, c'est cette famille qui lui apprendra à se débrouiller dans la vie courante. (Contre exemple des kibboutz)
Deuxième raison : l'aptitude naturelle des parents à l'éducation, ne serait-ce que parce qu'il ne saurait y avoir d'éducation réussie sans amour. Cette aptitude naturelle peut être complétée par l'intervention de professionnels, mais pas remplacée. (exemple de Sainte Monique)
Troisième raison : l'enfant lui-même trouve son meilleur équilibre dans le milieu naturel que constitue la famille dont il est l'héritier.
Quatrième argument : l'argument des faits :toutes les tentatives d'embrigadement de la jeunesse, par l'Etat, par Le Parti, ou par des sectes ont aboutit à des échecs plus ou moins sanglants.
Les corps intermédiaires
La famille n'est pas le seul groupement auquel l'homme appartient, les corps intermédiaires :entreprises, syndicats, groupements professionnels, associations, collectivités locales participent eux aussi à l'éducation du jeune citoyen. Mais c'est la compétence qui fonde le droit de ces groupes sociaux à l'enseignement dans leur domaine. (Associations sportives, musicales, bibliothèques, conférences etc..)
Le rôle de l'Etat. Ses droits et ses devoirs.
Former la jeunesse a toujours été la préoccupation des peuples qui songent à leur avenir.(L'exemple de Sparte est célèbre). Les nations ne périssent pas toujours par le fer des ennemis, mais souvent elles s'écroulent minées par les vices ou les lâchetés de leurs habitants. Il est donc légitime que l'état s'intéresse à l'éducation de ses enfants. Reste à déterminer quelle forme cet intérêt peut prendre.
1)
Ne pas
nuire.
Le moyen le plus sûr pour qu'une jeune fille n'apprenne pas la cuisine, c'est de lui dire toujours : " tu vas te brûler, tu travailles mal, laisse moi faire". La maman va plus vite, mais la file n'a plus envie de mettre la main à la poêle.
Il en est de même pour l'Etat quand il substitue son initiative à celle des individus, des familles, de corps intermédiaires. Il stérilise la substance vivante de la nation, comme un jardinier qui couperait les jeunes pousses dès qu'elles paraissent.
Quand l'Etat, en éducation, prétend "faire mieux" que la famille, mieux que les corps intermédiaires, mieux que le pouvoir spirituel, chacun attend qu'il fasse tout. Comme il ne peut tout faire, il fait mal, mais il ne veut rien laisser faire.
Quand les familles, directement ou par délégation, éduquent leurs enfants, l'Etat ne peut, sans injustice, les en empêcher, ni rendre leur droit inopérant par des contraintes pécuniaires, directes ou détournées.
Quand les syndicats agricoles, les coopératives, un canton paysan ouvrent une école d'agriculture, l'Etat ne peut s'opposer à cette fondation, ni s'en emparer si elle fonctionne. Le rôle de l'Etat est d'aider et non de se substituer aux activités légitimes de personnes et des corps sociaux.
Enoncer de pareils truismes ne devrait pas être nécessaires, mais il est vrai que Monsieur de la Palice trouverait aujourd'hui de contradicteurs.
2) Rôle supplétif de l'Etat.
Il peut s'exercer de deux façons :
Dans la famille : cas très rare d'indignité des parents. Après enquête et jamais de manière définitive, l'Etat peut intervenir pour sauver les enfants d'une déchéance quasi fatale. Là encore il tâchera de trouver un climat familial pour ces malheureux, en les plaçant dans des familles d'accueil, des foyers, ou des oeuvres de charité privées. Si ces oeuvres n'existent pas, il pourra être amené à ouvrir de internats.
Même problème pour les orphelins, ou en cas d'infirmité des parents.
Dans les écoles. A priori, ce ne sont pas les écoles privées qui suppléent l'Etat dans l'éducation, c'est l'Etat qui supplée toute forme d'enseignement privé lorsqu'il est inexistant ou insuffisant, s'il n'a pas les moyens de susciter la création de nouveaux établissements privés propres à combler cette lacune.
3) Promouvoir un certain niveau
d'instruction et d'éducation.
Gardien de ce bien commun qu'est le capital intellectuel et spirituel de la nation, l'Etat doit veiller à son développement.
"Vu les conditions de notre temps, observait Pie XI, un certain degré de culture intellectuelle, morale, et physique, est vraiment requis pour le bien commun" (Divini Illius Magistri)
La lutte contre l'analphabétisme - quand elle ne se résout pas à un odieux moyen de propagande - est un effort très louable. Elle aboutira d'autant mieux que les Etats concernés, au lieu de diffuser l'instruction et l'éducation selon un mode direct et totalitaire, favoriseront l'action de familles et des corps intermédiaires , qui les libéreront progressivement de cette tâche
4) Instruction civique.
Veiller à ce qu'elle soit donnée, obliger à la donner, la donner lui-même là où personne ne le fait, voilà une tâche essentielle à l'Etat. C'est à lui et à nul autre de veiller sur le sens civique et patriotique des citoyens. Tâche qui relève du pouvoir public parce qu'elle dépasse n'importe quel intérêt particulier, si légitime qu'il soit, tous devant concourir au bien commun. Et quand on parle d'éducation civique, il est ridicule de se borner à un catalogue des institutions existantes.
Aimer son pays, savoir sur quels fondements immuables repose la Cité, acquérir au moins un minimum de jugement politique, et surtout, le sens des réalités en ce domaine, c'est autre chose qu'un cours hebdomadaire et théorique sur le nombre de députés, le fonctions du Sénat ou le suffrage à la proportionnelle au plus fort reste.
5) L'enseignement qui relève du
Prince.
Armée, magistrature, police, diplomatie, finances nationales, administration centrale, sont des tâches qu'on ne verrait pas confiées à des particuliers.
Il faut une indépendance totale à l'égard de intérêts privés pour exercer ces fonctions en vue du bien commun.
Dès lors, nul autre que l'Etat ne pourra former les officiers, les magistrats, policiers, agents des finances et fonctionnaires, au moins en ce qui concerne les études spécifiques à ces charges.
6) "Protéger l'éducation morale et religieuse de la jeunesse selon les règles de la raison". (Pie XI Divini Illius Magistri)
L'éducation civique ne suffit pas. Elle est vouée à l'échec, si elle manque du socle moral, spirituel, religieux, qui seul peut lui donner un sens.
Sans doctrine universelle, sans une conception de la personne humaine et de sa finalité naturelle et surnaturelle, le patriotisme court deux dangers :
· aboutir au totalitarisme exacerbé de la nation-absolu qui fait de l'éducation civique un véritable culte de l'Etat, de la Race ou du Parti.
· Aboutir à la ruine pure et simple de de tout esprit civique et, par là même, à la destruction de la nation, lorsque le patriotisme oublie les réalités humaines au point de se diluer dans un internationalisme aussi vague que généreux.
Quand un gouvernement laisse se répandre de mauvaises doctrines, même sous couvert de " charité chrétienne", quand il accepte le risque que la jeunesse soit demain gagnée au pire esprit libéral et marxiste il faillit à sa mission.
Mais, encore une fois, protéger est le contraire de faire soi même.
7) "Protéger l'éducation morale et religieuse de la jeunesse selon les règles de la foi". (Pie XI op.cit.)
Que l'on demande la protection de l'Etat selon les règles de la raison, passe encore, mais selon les règles de la foi, voilà ce que notre époque n'admet guère.
Pourquoi ? parce qu'il existe au départ une équivoque sur la distinction des deux pouvoirs. Cette distinction, pleinement valable d'un point de vue idéal laisse en pratique bien des problèmes de partage et de frontières en suspens. Tout le temporel ne doit-il pas être surnaturalisé ? Le surnaturel ne prend-il pas racine dans tout le temporel ? Le Royaume de Dieu n'est-il pas de la terre et du ciel ? (R.P. de Soras) La distinction surnaturel, naturel, ne suffit pas à départager ce qui de l'ordre de l'Etat et ce qui est de l'ordre de l'Eglise.
Prétendre qu'à l'Eglise ne revient que le surnaturel c'est lui ravir tout droit sur l'ordre naturel dont Pie XII affirme qu'elle est la gardienne.
Prétendre qu'à l'Etat revient uniquement le naturel c'est méconnaître l'influence formidable que peut avoir sa profession publique d'une religion révélée sur les lois, sur la vie nationale. (Qu'on songe à celle de l'Islam dans les pays arabes). L'Etat peut et doit être chrétien.
A ne considérer que l'intérêt de l'Etat, il serait bien sot de ne pas invoquer les règles de la foi pour protéger l'éducation morale et religieuse de la jeunesse s'il apparaît que les règles de la raison ne suffisent pas.
L'attitude de l'Etat à l'égard de la religion est un point fondamental aussitôt qu'on touche à l'éducation.
Conclusion.
On pourrait dire que les rapports de L'Etat et de l'Education sont entièrement définis par le principe de subsidiarité. Jules Ferry (!!!), plusieurs décennies avant Quadragesimo Anno ne disait pas autre chose : "Je crois qu'il existe une règle toute simple pour délimiter les fonctions de l'Etat, très simple parce qu'elle est empirique et ne vise pas à la haute théorie. Les fonctions de l'Etat sont celles qui ne peuvent être remplies que par lui, parce qu'il manque aux particuliers ou aux associations , ou la volonté ou le pouvoir de les remplir. Voilà, je crois, une délimitation claire et simple des fonctions de l'Etat" (Chambre des députés 11-12 juin 1875)
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