Tu sanctifieras le Jour du Seigneur

(d'après Dies Domini)

 

La résurrection de Jésus est la donnée première sur laquelle repose la foi chrétienne.(….) C'est pourquoi, faisant mémoire du jour de la résurrection du Christ, non seulement une fois par an, mais

tous les dimanches, l'Église entend montrer à chaque génération ce qui constitue l'axe porteur de l' histoire, auquel se rattachent le mystère des origines et celui de la destinée finale du monde.

Il est donc légitime de dire, comme le suggère l'homélie d'un auteur du IVe siècle, que le «jour du

Seigneur » est le « seigneur des jours »

 

Dies Domini

Si, dans la première page de la Genèse, le « travail » de Dieu est un exemple pour l'homme, son « repos » l'est également: « Au septième jour, il chôma, après tout l'ouvrage qu'il avait fait » (Gn 2,

Le « repos » de Dieu ne peut être banalement interprété comme une sorte d'« inaction » de Dieu. En effet, l'acte créateur qui fonde le monde est de par sa nature permanent, et Dieu ne cesse jamais d'être à l'œuvre, ainsi que Jésus lui-même prend soin de le rappeler au sujet du précepte du sabbat: « Mon Père est à l'œuvre jusqu'à présent et j'œuvre moi aussi» (Jn 5,17). Le repos divin du septième jour n'évoque pas un Dieu inactif, mais il souligne la plénitude de la réalisation accomplie et exprime en quelque sorte la pause faite par Dieu devant l'œuvre« très bonne» (Gn 1,31) sortie de ses mains, pour porter sur elle un regard plein d'une joyeuse satisfaction: c'est un regard« contemplatif », qui ne vise plus de nouvelles réalisations, mais plutôt la jouissance de la beauté de ce qui a été accompli; un regard porté sur toutes les choses, mais en particulier sur l'homme, sommet de la création.

Le commandement du Décalogue par lequel Dieu impose l'observance du sabbat est, dans le livre

de l'Exode, formulé de manière caractéristique: « Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier» (…) Avant d'imposer quelque chose à faire, le commandement signale quelque chose dont il faut faire mémoire. Il invite à ranimer la mémoire de l'œuvre de Dieu, grande et fondamentale, qu'est la création. Cette mémoire doit vivifier toute la vie religieuse de l'homme pour déboucher sur le jour où l'homme est appelé à se reposer. Le repos revêt ainsi comme une valeur sacrée caractéristique: le fidèle est invité à se reposer non seulement comme Dieu s'est reposé, mais à se reposer dans le Seigneur, en lui remettant toute la création, par la louange, l'action de grâce, l'intimité filiale et l'amitié sponsale.

 

Dies Christi

Selon le témoignage concordant des Évangiles, la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts eut

lieu « le premier jour après le sabbat » (Mc 16, 2.9; Lc 24, 1; ln 20, 1). En ce même jour, le Ressuscité se manifesta aux deux disciples d'Emmaüs (cf. Lc 24, 13- 35) et il apparut aux onze Apôtres réunis (cf. Lc 24, 36; Jn 20, 19). Huit jours après - comme en témoigne l'Évangile de Jean (cf. 20, 26) - les disciples se trouvaient de nouveau réunis, quand Jésus leur apparut et se fit reconnaître par Thomas, en lui montrant les signes de sa passion. Le jour de la Pentecôte était un dimanche, premier jour de la huitième semaine après la pâque juive (cf. Ac 2,1), quand par l'effusion de l'Es-

prit Saint se réalisa la promesse faite par Jésus aux Apôtres après la résurrection (cf. Lc 24, 49; Ac 1,4-5).

Le Dimanche est le 8ème  jour de la semaine ou bien le premier jour de la Nouvelle semaine.

On a notamment mis en lumière la relation particulière qui existe entre la résurrection et la création. En effet, la réflexion chrétienne a spontanément relié la résurrection survenue « le premier jour après le sabbat » au premier jour de la semaine cosmique (cf. Gn l,là 2, 4) qui, dans le livre de la Genèse, rythme l'événement de la création: le jour de la création de la lumière (cf. 1,3-5). Un tel lien invitait à comprendre la résurrection comme le commencement d'une nouvelle création, dont le Christ glorieux constitue les prémices, étant lui-même « Premier-né de toute créature » (Coli, 15) et aussi « Premier-né d'entre les morts ».

Jour de la lumière et jour du soleil pour les romains = Sunday.

Le dimanche est le jour de la foi.

On comprend alors pourquoi, même dans le contexte des difficultés de notre temps, l'identité de

ce jour doit être sauvegardée et surtout profondément vécue : un jour auquel on ne peut renoncer.

 

Dies Ecclesiæ

 

«Je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20)..

Si le dimanche est le jour de la résurrection, il n'est pas seulement le souvenir d'un événement passé: il est la célébration de la présence vivante du Ressuscité au milieu des siens.

Pour que cette présence soit annoncée et vécue comme il convient, il ne suffit pas que les disciples du Christ prient individuellement et fassent mémoire intérieurement, dans le secret de leur cœur, de la mort et de la résurrection du Christ. En effet, ceux qui ont reçu la grâce du baptême n'ont pas été sauvés seulement à titre individuel, mais comme membres du Corps mystique qui font partie du peuple de Dieu.38 Il est donc important qu'ils se réunissent pour exprimer pleinement l'identité même de l'Église, l'ekklesia, l'assemblée convoquée par le Seigneur ressuscité.

Jour de la foi et aussi de l'Espérance : la participation à la "Cène du Seigneur" est une anticipation du banquet eschatologique pour les "Noces de l'Agneau"

Si la participation à l'Eucharistie est le cœur du dimanche, il serait cependant réducteur de ramener à cela seul le devoir de le « sanctifier ». Le jour du Seigneur est en effet bien vécu s'il est tout entier marqué par la mémoire reconnaissante et active des merveilles de Dieu. Cela engage chacun des disciples du Christ à donner aussi à d'autres moments de la journée, vécus en dehors du contexte liturgique -la vie de famille, les relations sociales, les temps de détente -, un style qui aide à faire ressortir la paix et la joie du Ressuscité dans le tissu ordinaire de la vie. Par exemple, parents et enfants se retrouvant dans le calme, peuvent en profiter, non seulement pour s'ouvrir à l'écoute mutuelle, mais aussi pour vivre ensemble des moments de formation et de plus grand recueillement. Pourquoi ne pas prévoir, même dans la vie laïque lorsque c'est possible, des temps consacrés à la prière, comme en particulier la célébration solennelle des vêpres, ainsi qu'éventuellement des rencontres de catéchèse qui, la veille du dimanche ou l'après-midi du jour, préparent et complètent dans l'âme des chrétiens le don même de l'Eucharistie?

 

 

Dies Homini

Jour de joie, de repos et de solidarité.

Saint Augustin, qui se fait l'interprète de la conscience ecclésiale courante des premiers siècles, met ainsi en évidence le caractère joyeux de la Pâque hebdomadaire : «Qu'on abandonne les jeûnes et qu'on prie debout en signe de la Résurrection; et que, pour cette raison, on chante aussi l'alléluia tous les dimanches » Tertullien idem. Mais cette position était surtout comprise comme un geste pénitentiel, peu compatible avec la joie du dimanche.

Le jour de repos vient juste après la création de l'homme  : « Je rends grâce au Seigneur notre Dieu, qui a fait une œuvre telle qu'il pût s'y reposer. Il a fait le ciel, mais je ne lis pas qu' il se soit reposé; il a fait la terre, mais je ne lis pas qu' il se soit reposé; il a fait le soleil, la lune et les étoiles, et là non plus, je ne lis pas qu'il se soit reposé, mais je lis qu'il a fait l'homme et qu'alors il se reposa, en ayant quelqu'un à qui il pût remettre ses péchés »

Je dimanche doit également donner aux fidèles l'occasion de se consacrer aux œuvres de miséricorde, de charité et d'apostolat. La participation intérieure à la joie du Christ ressuscité doit pousser aussi à partager pleinement l'amour qui anime son cœur: il n'y a pas de joie sans amour!

L'Eucharistie dominicale ne détourne pas les fidèles de leurs devoirs de charité, mais elle les engage au contraire « à pratiquer toutes les œuvres de charité, de piété et d'apostolat, afin de rendre manifeste par ces œuvres que, tout en n'étant pas du monde, les chrétiens sont cependant la lumière du monde».


 

Dies Dierum

Dans le christianisme, le temps a une importance fondamentale. C'est dans sa dimension que le monde est créé, c'est en lui que se déroule l'histoire du salut, qui a son apogée dans 'la plénitude du temps' de l'Incarnation et atteint sa fin dans le retour glorieux du Fils de Dieu à la fin des temps. En Jésus-Christ, Verbe incarné, le temps devient une dimension de Dieu, qui est en lui-même éternel ».

A la lumière du Nouveau Testament, les années de l'existence terrestre du Christ constituent réelle-

ment le centre du temps. Ce centre a son sommet dans la résurrection. S'il est vrai, en effet, qu'il est Dieu fait homme dès le premier moment de sa conception dans le sein de la Vierge sainte, il est vrai également que c'est seulement par la résurrection que son humanité est totalement transfigurée et glorifiée, révélant ainsi pleinement son identité et sa gloire divine.

 

Conclusion

La richesse spirituelle et pastorale du dimanche, telle que la tradition nous l'a transmise, est vraiment grande. Prise dans toute sa signification et avec toutes ses implications, elle est en quelque sorte une synthèse de la vie chrétienne et une condition pour bien la vivre. On comprend donc pourquoi l'observance du jour du Seigneur tient particulièrement à cœur à l'Église, et pourquoi elle reste précisément une véritable obligation dans le cadre de la discipline ecclésiale. Cette observance, avant même d'être un précepte, doit cependant être ressentie comme un besoin inscrit au plus profond de l'existence chrétienne. Si dans l'Eucharistie se réalise la plénitude du culte que les hommes doivent à Dieu, et qui n'a d'équivalent dans aucune autre expérience religieuse, cela s'exprime avec une efficacité particulière dans l'assemblée dominicale de toute la communauté, obéissant à la voix du Ressuscité qui la convoque pour lui donner la lumière de sa Parole et la nourriture de son Corps comme source sacramentelle permanente de rédemption.