Méditation sur Marie, notre mère du ciel, en ce mois de mai qui lui est consacré.
Constitution Lumen Gentium, Chap. VIII (novembre 1964)
Titre : La Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l’Eglise
1ère Partie : Le rôle de la Sainte Vierge dans l’économie du salut
2ème Partie : La Bienheureuse Vierge et l’Eglise
3ème Partie : le Culte de la Sainte Vierge dans l’Eglise
4ème Partie : Marie, signe d’espérance certaine et de consolation pour le peuple de Dieu en marche
Dieu, voulant accomplir la rédemption du monde, a envoyé son Fils qui est né d’une femme afin de faire de nous des fils adoptifs.
Le Fils s’est incarné par l’œuvre du Saint Esprit dans la Vierge Marie pour nous les hommes et pour notre salut.
La Vierge Marie qui, à l’annonce de l’Ange, accueillit dans son cœur et dans son corps le Verbe de Dieu et apporta la vie au monde, est reconnue et honorée comme la vraie Mère de Dieu et du Rédempteur.
Marie est la fille préférée du Père et le temple du Saint Esprit qui dépasse de loin toutes les autres créatures célestes et terrestres.
Elue de Dieu, elle est aussi unie à tous les hommes qui ont besoin du salut. Elle est vraiment mère des membres du Christ. Figure et modèle admirable de l’Eglise dans la Foi et dans la Charité, elle est vénérée dans l’Eglise Catholique avec une piété et une affection filiale comme une mère très aimante.
Mère du Christ et mère des hommes, elle tient la place la plus élevée après le Christ et elle est en même temps la plus proche de nous.
Le rôle de la Sainte Vierge dans l’économie du salut
Dans l’Ancien Testament, c’est elle qu’on devine déjà prophétiquement sous cette lumière dans la promesse qui est faite à nos premiers parents tombés dans le péché, de la victoire sur le serpent (Gen. 3,15). C’est elle la Vierge qui concevra et mettra au monde un Fils dont le nom sera Emmanuel (Is. 7,14)
Le Bon Dieu a voulu que l’acceptation de la mère prédestinée précédât l’Incarnation.
Il voulait que de même qu’une femme avait contribué à donner la mort, de même une femme servît à donner la vie.
Ainsi Marie, fille d’Adam, acquiesçant au Verbe de Dieu, est devenue Mère de Jésus et embrassant de plein cœur, sans être entravée par aucun péché, la volonté salvatrice de Dieu, elle s’est consacrée totalement comme servante du Seigneur à la personne et à l’œuvre de son Fils en union avec Lui, par la grâce de Dieu tout puissant.
Le nœud de la désobéissance d’Eve a été dénoué par l’obéissance de Marie.
Cette union de la Mère et de son Fils dans l’œuvre de la Rédemption se manifeste depuis la moment de la conception virginale du Christ jusqu’à sa mort.
Elisabeth proclame Marie bienheureuse à cause de sa foi dans la promesse du salut, lorsque le précurseur se réjouit alors dans le sein de sa mère.(Lc 1,41-45).
Cette union se manifeste à la nativité, lorsque Marie toute joyeuse montra aux bergers et aux Mages son Fils premier-né.
Le vieillard Siméon lui annonce que le Fils sera un signe de contradiction et qu’une épée lui transpercera l’âme. (Lc 2, 34-35).
Après avoir perdu l’enfant Jésus et l’avoir cherché avec angoisse, elle le trouve au Temple aux affaires de son Père. Elle méditait et conservait toutes ces choses en son cœur. (Lc 2, 41-51).
Dès le début de la vie publique de Jésus, émue de compassion, aux noces de Cana, elle provoque par son intercession le premier des miracles de Jésus-Messie. (Jn 2, 1-11).
Pendant la prédication de Jésus, elle entendit les paroles où son Fils, plaçant le Royaume au-dessus des rapports et des liens de la chair et du sang, proclama bienheureux ceux qui écoutent et gardent la parole de Dieu, ainsi qu’elle le faisait avec fidélité. (Lc 2, 19 et 51).
Ainsi même la bienheureuse Vierge progressa sur le chemin de la foi, et elle resta fidèlement unie à son Fils jusqu’à la croix.
Là, ce n’est pas sans réaliser un dessein divin qu’elle se tint debout (jn 19, 25); elle souffrit profondément avec son Fils unique et s’associa de toute son âme maternelle à son sacrifice, acquiesçant avec amour à l’immolation de la victime qu’elle avait engendrée.
Finalement, le même Christ Jésus, mourant sur la croix, la donna pour mère au disciple, en disant : « Femme, voici ton fils. » (Jn 19,26-27).
Avant la Pentecôte, nous voyons les apôtres persévérant d’un seul cœur dans la prière, en compagnie de quelques femmes, de Marie Mère de Jésus et des frères de celui-ci (Act.1,14). Nous voyons aussi Marie implorer par ses prières le don de l’Esprit, cet Esprit qui l’avait déjà couverte elle-même de son ombre à l’Annonciation.
Enfin, la Vierge immaculée, préservée de toute tache de la faute originelle, au terme de sa vie terrestre, fut élevée à la gloire du Ciel en son âme et en son corps et elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l’univers afin de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des Seigneurs (Apoc.19,16) et vainqueur du péché et de la mort.
La bienheureuse Vierge et l’Eglise
Marie, servante du Seigneur
Nous n’avons qu’un Médiateur, l’homme-Christ Jésus (1 Tim. 2,5-6). Le rôle maternel de Marie envers les hommes ne voile ou ne diminue en aucune manière cette médiation unique du Christ, mais elle ne montre l’efficacité. En effet, toute l’action de la bienheureuse Vierge sur les hommes dans l’ordre du salut ne provient pas d’une quelconque nécessité : elle naît du bon plaisir de Dieu et découle de la surabondance des mérites du Christ. Elle s’appuie sur la médiation du Christ, elle en dépend et en tire toute sa vertu. Ainsi cette action, loin d’empêcher de quelque manière une union immédiate des croyants avec le Christ, la facilite bien plutôt.
La bienheureuse Vierge fut sur cette terre, par disposition de la Divine Providence, la noble Mère du divin Rédempteur, l’associée du Seigneur la plus généreuse qui fut et son humble servante.
Elle, qui a conçu le Christ, l’a enfanté, l’a nourri, l’a présenté au Père dans le temple, qui a souffert avec son Fils mourant sur la croix, elle a coopéré, d’une manière toute spéciale, à l’œuvre du Sauveur par obéissance, sa foi, son espérance et son ardente charité.
Elle a vraiment collaboré à la restauration de la vie surnaturelle dans les âmes. Voilà pourquoi elle fut pour nous une mère dans l’ordre de la grâce.
Et cette maternité ne cesse de durer. Au Ciel, Marie continue, par son instante intercession, à nous obtenir des grâces en vue de notre salut éternel. Dans sa charité maternelle, elle s’occupe de ses enfants qui sont encore des pèlerins et qui sont en butte aux dangers et aux misères. Aussi la bienheureuse Vierge est-elle invoquée dans l’Eglise sous les titres d’Avocate, d’Auxiliatrice, d’Aide et de Médiatrice.
Marie, modèle de l’Eglise
La Mère de Dieu est la figure de l’Eglise, comme l’enseignait déjà Saint Ambroise, et cela dans l’ordre de la foi, de la charité et de l’union parfaite avec le Christ. Elle enfanta le Fils que Dieu a établi premier-né d’un grand nombre de frères (Rom.8,29), c’est à dire des fidèles. Aussi coopère-t-elle, dans son amour de mère, à les engendrer et à les éduquer.
L’Eglise, qui accomplit fidèlement la volonté du Père, devient mère, elle aussi, par l’accueil plein de foi qu’elle offre au Verbe de Dieu. Car, par la prédication et le baptême, elle engendre à la vie nouvelle et immortelle des fils conçus du Saint-Esprit nés de Dieu..
A l’imitation de la Mère du Seigneur, l’Eglise conserve d’une façon virginale, par la vertu du Saint-Esprit, une foi intacte, une espérance ferme et une charité sincère.
Les Vertus de Marie, modèle pour l’Eglise
Les fidèles tachent encore de croître en sainteté en triomphant du péché. Aussi lèvent-ils les yeux vers Marie : elle brille comme un modèle de vertu pour toute la communauté des élus.
L’Eglise en son travail apostolique regarde également avec raison vers celle qui engendra le Christ afin qu’il naisse et grandisse dans le cœur des fidèles par le moyen de l’Eglise. La Vierge fut dans sa vie un modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de l’Eglise, coopèrent à la régénération des hommes.
Le culte de la Sainte Vierge dans l’Eglise
Nature et fondement du culte de la Sainte Vierge
L’Eglise honore à juste titre d’un culte spécial celle que la grâce de Dieu a faite inférieure à son Fils certes, mais supérieure à tous les anges et à tous les hommes.
Depuis les temps les plus reculés, la bienheureuse Vierge est vénérée sous le titre de « Mère de Dieu » et les fidèles, en leurs prières, se réfugient sous sa protection au milieu de tous les périls et des difficultés qu’ils rencontrent.
C’est surtout à partir du concile d’Ephèse que le culte du peuple de Dieu envers Marie, à la fois vénération et amour, prière et imitation, grandit admirablement, selon la prophétie de Marie elle-même : « Toutes les générations m’appelleront bienheureuse, parce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses ».
Ce culte diffère essentiellement du culte d’adoration rendu au Verbe incarné ainsi qu’au Père et à au Saint-Esprit et il favorise fortement celui-ci. En effet, grâce aux diverses formes de dévotion mariale que l’Eglise a approuvées, tandis que la Mère est honorée, le Fils pour qui tout existe et en qui il a plu au Père éternel de faire résider toute la plénitude, est reconnu comme il convient, aimé, glorifié et obéi.
L’esprit de la prédication et du culte de la sainte Vierge
Notre Sainte Mère l’Eglise exhorte tous les fils de l’Eglise à pratiquer généreusement le culte, spécialement le culte liturgique, à l’égard de la bienheureuse Vierge. En outre, elle exhorte avec force les théologiens et les prédicateurs à s’abstenir avec soin de toute fausse exaltation, comme aussi de toute étroitesse d’esprit lorsqu’ils ont à considérer la dignité particulière de la Mère de Dieu. Les fidèles, eux, doivent se rappeler que la vraie dévotion ne consiste ni dans un sentimentalisme stérile et passager, ni dans une certaine crédulité vaine, mais, au contraire, qu’elle procède de la vraie foi, qui nous porte à reconnaître la prééminence de la Mère de Dieu, nous pousse à un amour de fils envers notre Mère et à l’imitation de ses vertus.
Marie, signe d’espérance certaine et de consolation pour le peuple de Dieu en marche
Si la Mère de Jésus, déjà glorifiée au Ciel en son corps et en son âme, est l’image et le commencement de ce que sera l’Eglise en sa forme achevée, au siècle à venir, et bien ! sur la terre, jusqu’à l’avènement du jour du Seigneur, elle brille, devant le peuple de Dieu en marche, comme un signe d’espérance certaine et de consolation.
C’est une grande joie et une grande consolation qu’il ne manque pas de gens pour rendre à la Mère du Sauveur l’honneur qui lui est dû et en particulier chez nos frères orientaux qui rivalisent d’ardeur et de dévotion dans le culte de la Mère de Dieu, toujours Vierge.
Que tous les fidèles prient Marie d’intercéder, en union avec tous les saints, auprès de son Fils, jusqu’à ce que toutes les familles des peuples, chrétiennes ou non, soient réunies heureusement dans la paix et la concorde en un seul peuple de Dieu pour la gloire de la très sainte et indivisible Trinité !