L’Angélus

 

L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie…

Voici la Servante du Seigneur
Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

Et le Verbe s’est fait chair
Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
Afin que nous devenions dignes des promesses du Christ.

Prions. Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’incarnation de ton Fils bien-aimé. Conduis-nous, par sa passion et par sa croix, jusqu’à la gloire de la résurrection. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Amen.

 

 

Trois fois par jour, le matin, à midi et le soir, aux clochers de la plupart des églises les cloches tintent trois fois trois coups suivis d’une volée : c’est la prière de l’Angélus.

 

Longtemps populaire et souvent récité personnellement ou en famille, l'Angélus est une prière liturgique dialoguée que l'Eglise recommande de faire, en dehors du temps pascal où il est remplacé par le  Régina caeli, le matin, le midi et le soir, au son de la cloche, pour confesser le mystère de l'Incarnation en rappelant l'Annonciation. Ainsi, le tintement journalier des cloches de nos églises rythme la journée du chrétien.

 

Concrètement, il s’agit de trois Ave Maria, précédés chacun d'un verset et de son répons, l'ensemble étant conclu par une oraison, elle aussi introduite par un verset avec son répons. Les trois ensembles initiaux verset-répons sont tout droit puisés dans l'Ecriture ; les deux premiers dans le récit de l'Annonciation de l'évangile selon saint Luc (I 28-35 et I 38) et le troisième dans le prologue de l'évangile selon saint Jean (I 14), tandis que le dernier est une invocation coutumière du secours de la Vierge, avec son oraison propre.

 

Un peu d’histoire… A partir du synode de Caen de 1061, se propagea dans les villes l'habitude de faire sonner une cloche en fin de journée, tant pour marquer la clôture des travaux que pour appeler les fidèles à la prière avant qu'ils ne se retirent chez eux. Cette sonnerie tenait aussi lieu de couvre feu. Nulle indication de prière particulière ne semble avoir été donnée et ce n'est qu'au XIII° siècle, que le pape Grégoire IX ordonna que l'on priât pour les croisés et que saint Bonaventure demanda aux frères mineurs d'y faire réciter un Ave Maria en 1269.

 

En 1318, Jean XXII accorda une indulgence de dix jours à tous ceux qui réciteraient, à genoux, trois Ave Maria en entendant la cloche du soir. Comme dans les monastères les prières des complies, se faisaient de la même manière à prime, l'usage du soir s'appliqua aussi au matin et se répandit dans les paroisses plus vite encore. La coutume de la récitation de l’Angélus à midi apparut au début du XVème siècle.

 

En 1456, fort de cet usage, Callixte III, pour conjurer le danger turc, ordonna, entre none et vêpres, trois Pater et trois Ave Maria. Louis XI prescrivit pour tout son royaume un Ave Maria à midi pour la Paix (1472), dévotion à laquelle Sixte IV appliqua trois cents jours d'indulgence.

 

Au XVI° siècle apparaît la forme que nous utilisons encore, normalisée en 1612 ; les versets et leurs répons apparaissent dans un catéchisme publié sous Pie V. Benoît XIII recommande vivement la récitation de l'Angélus en 1734, Benoît XIV en porte les indulgences à cent jours (1742), et un décret de Léon XIII en 1884 le réglemente jusqu'à une époque récente. Jean XXIII y avait ajouté la pratique de trois Gloria Patri ce que ne reprendra pas Paul VI en demandant qu'on récitât l'Angelus. Il se refusa à le rénover et il lui accorda l'indulgence partielle, disposition gardée par Jean-Paul II en 1986.

 

On sait que chaque dimanche et chaque jour de fête, Benoît XVI, à la suite de Jean-Paul II, récite l'Angélus avec les Romains et les pèlerins groupés sur la place Saint-Pierre, et qu'il précède cette récitation d'une homélie mariale.

 

Louange à la Vierge avec les trois Ave, salutation angélique (l’Ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie), méditation sur le mystère de l’Incarnation (et le Verbe s’est fait chair), introduction à celui de la Rédemption (il a habité parmi nous), affirmation du rôle médiateur de Marie, mère du Verbe incarné, l’Angélus, en revenant trois fois par jour, apparaît comme sacralisant le temps ou plus exactement comme appelant à le sanctifier, d’où l’importance de la sonnerie. D’ailleurs, le tintement de la cloche n’est pas seulement un avertissement sonore, il est lui-même prière (n’oublions pas que les cloches de nos églises ont été consacrées et que certaines sont destinées tout spécialement à sonner l’Angélus).

 

Cependant durant le temps Pascal (de Pâques à Pentecôte), l’Angélus est remplacé par le Régina Caeli (Reine du Ciel) issu du XIIème siècle. C’est l’un des quatre hymnes à la Vierge. D'après une légende relativement récente, les anges auraient chanté le Regina caeli au moment de la consécration de Sainte-Marie-Majeure.